22 septembre 2017

Un beau débat (suite)



La sagesse serait sans doute de développer autant que possible les liens propres aux membres de la zone euro en demeurant dans le cadre institutionnel des vingt-sept mais en exigeant une abstention des pays hors zone euro dans les décisions relatives à l’union économique et monétaire. L’abstention ne leur interdirait pas de participer aux délibérations et de préparer ainsi leur éventuelle adhésion.  On peut espérer que ces pays préfèreraient cette solution comme un pis-aller leur permettant d’éviter la création d’une nouvelle UE dont ils se seraient exclus, option qui redeviendrait d’actualité si devait persister la posture hostile aux valeurs européennes de certains de ces pays.
            En arrière-plan de ce problème institutionnel demeure la nécessité d’un accord aux termes duquel l’Allemagne et les pays du Nord accepteraient une solidarité élargie en échange d’une réelle responsabilité des pays du Sud.    

Un beau débat



Platier, 22 septembre 2017
            Les observateurs de la scène européenne ne se sont pas encore pleinement saisis du débat ouvert sur la dimension géographique de la relance attendue de l’Europe après le Brexit. Pour le président Macron, suivi sur ce point par une très large part de l’opinion française allant au-delà d’En marche, la zone euro est le cadre au sein duquel la relance ou plutôt la refondation devrait être engagée. Pour le président de la Commission, qui rappelle que tous les Etats membres ont vocation et le plus souvent obligation d’adopter l’euro, toute démarche de relance devrait intéresser l’ensemble de l’Union et se concevoir dans son cadre institutionnel.
            A l’appui de la thèse française, l’existence reconnue par les traités d’institutions propres à la zone euro, les unes à caractère fédéral, la banque centrale, l’union bancaire, les autres à caractère intergouvernemental, l’eurogroupe, le mécanisme de solidarité, mais aussi le développement  de liens politiques noués entre les Etats partageant la même monnaie.
            A l’appui de la thèse de Jean-Claude Juncker, le risque de l’approfondissement d’une fracture de nature à affaiblir l’Union, sa capacité d’action et son influence dans le monde, les difficultés propres à la négociation d’un nouveau traité à laquelle les Etats hors euro ne seraient pas invités à participer, la coexistence problématique de deux systèmes institutionnels.

01 septembre 2017

Refonder l'Europe sans l'affaiblir



Platier, 1er septembre
            Le choix du président Macron de refonder l’Europe sur la base du volontarisme répond à une situation marquée par la divergence qui s’est creusée entre les gouvernements favorables à plus d’intégration et ceux qui se déclarent en faveur d’une réduction des compétences et prérogatives de l’UE. Encore convient-il de demander aux Polonais s’ils seraient disposés à une réduction des versements dont ils bénéficient au titre de la solidarité communautaire. Encore convient-il de tenir compte de la diversité des aspirations des Etats favorables à plus d’intégration. Ainsi les Tchèques appellent à la mise en place rapide de la « coopération  structurée » pour la défense, sans pour autant souhaiter adopter l’euro. Pour que la refondation tienne compte de ces divergences sans conduire au chaos et à l’impuissance, la meilleure formule serait un renforcement institutionnel qui n’est pas dans l’air du temps mais qui devrait néanmoins s’imposer. A titre d’exemple de solutions favorisant un minimum de cohérence, le Parlement de l’euro pourrait être composé des députés européens des Etats ayant adopté l’euro ; la présidence du Conseil de l’euro confiée au commissaire en charge des affaires économiques. L’attribution de la présidence du Conseil des ministres en charge de la défense à la Haute Représentante pour les affaires étrangères et la sécurité soulèvera l’opposition de ceux qui sous-estiment le lien étroit qui devrait unir diplomatie et défense, économie et armements. Quoi qu’il en soit, les arbitrages majeurs devraient relever du Conseil européen où les responsables des Etats ne participant pas à l’union monétaire ou à l’union de défense pourraient siéger, en ces matières, comme observateurs.