19 décembre 2017

L'apophtegme de Pascal Lamy



Paris 19 décembre 2017
Le non rétablissement de contrôles à la frontière inter-irlandaise est la condition mise par Dublin à son acquiescement à l’accord du 8 décembre entre l’UE et le Royaume-Uni. Dans le même temps Theresa May a dû promettre aux unionistes d’Ulster (Irlande du Nord), dont le soutien lui est indispensable à Westminster, qu’une frontière ne sera pas établie entre l’Ulster et le reste du Royaume-Uni. Or ces deux engagements sont évidemment incompatibles. Les négociateurs ont fait semblant d’ignorer cette contradiction, désireux qu’ils étaient de terminer cette première phase de la négociation, quitte à remettre à plus tard la crise que ne manquera pas de provoquer l’impossibilité de respecter l’un ou l’autre des deux engagements contradictoires. Ainsi se vérifie l’apophtegme de Pascal Lamy suivant lequel le Brexit consisterait à tirer un œuf d’une omelette. Les Britanniques qui se veulent pragmatiques pourraient bien y renoncer tant il est lourd de toutes sortes de dangers. Faut-il le souhaiter ?     

30 novembre 2017

Démocratiser les élections européennes




                           Paris 30 novembre 2017
         Le président Macron, conformément aux souhaits de tous les partis, à l’exception des Républicains, a choisi le retour aux listes nationales dans une circonscription unique. Tout en éloignant les élus des électeurs, ce choix devrait favoriser un grand débat national sur les enjeux européens. Permettra-t-il de réduire le nombre des abstentions ? Un moyen de susciter l’intérêt pour cette consultation et de la rendre plus démocratique consisterait à donner à l’électeur la possibilité de modifier, par des signes de préférence, l’ordre des candidats sur les listes. Ainsi serait limité le pouvoir excessif des partis dans le choix des élus.
         Le projet d’utiliser les sièges dévolus aux Britanniques et libérés par le Brexit pour la constitution de listes transnationales et de donner aux citoyens d’Europe un deuxième bulletin à haute portée symbolique  a, malheureusement, peu de chances d’aboutir alors qu’il pourrait contribuer à l’émergence d’un espace commun de débat démocratique. Il supposerait un accord unanime quasi impossible à obtenir dans le délai nécessaire.    

15 novembre 2017

Contre une Europe rapetissée

Paris 15 novembre


Au temps de l’Europe des Six, les eurosceptiques d’alors ironisaient sur le thème d’une Europe-croupion dont les institutions prétendaient abusivement représenter l’ensemble du continent. Au cours des dernières années, l’opinion s’est répandue, notamment en France, suivant laquelle les difficultés rencontrées par l’UE provenaient d’élargissements excessifs, hâtifs et inconsidérés. Laurent Vauquiez, candidat à la présidence des Républicains, se déclare en faveur d’une nouvelle Europe des Six avec l’Espagne et sans le Luxembourg. Il s’agit là d’une orientation d’autant plus dangereuse qu’elle répond à un certain air du temps. Or cette voie est sans issue car elle ne serait pas de nature à apporter des solutions aux difficultés qui ont entravé le progrès de l’intégration. Promue par la France, elle aurait comme résultat immédiat de mécontenter tous les pays tenus à l’écart et d’aller à l’encontre du désir légitime de notre partenaire allemand de faire de l’UE le cadre d’une Europe apaisée dans la démocratie. C’est pourquoi on ne peut que se féliciter de la décision prise par vingt-trois pays de mettre en œuvre la « coopération structurée permanente » en matière de défense, sans qu’aucun des pays candidats aient été écartés.