23 novembre 2016

Un candidat souverainiste



            Paris, 23 novembre
François Fillon, au long d’une campagne brillante, n’a laissé aucun doute sur son option souverainiste : volonté d’affaiblir la Commission, silence sur le Parlement, gouvernement économique composé des chefs d’Etat et de gouvernement. L’Europe politique qu’il déclare souhaiter serait condamnée à l’impuissance, la confrontation des points de vue et intérêts nationaux ne permettant pas de dégager une volonté commune ainsi que l’a montré l’expérience de la dernière décennie. Plus surprenant de la part d’un homme d’Etat aussi éminent l’assertion suivant laquelle l’UE serait un instrument de l’hégémonie américaine alors que la commissaire Vestager vient de montrer sa capacité d’imposer aux plus puissantes compagnies américaines le respect du droit européen de la concurrence. François Fillon se montre fidèle à ce qui s’est révélé le plus stérile dans la politique européenne du général de Gaulle : vouloir une Europe puissante à partir d’une crispation des souverainetés nationales.

18 novembre 2016

Ils en ont parlé !



            Paris, 18 novembre 2016
Malgré les efforts des journalistes pour limiter à quelques minutes le temps imparti au thème de la construction européenne, plusieurs des protagonistes du troisième débat de la primaire de la Droite et du Centre ont réussi à formuler leur vision de l’avenir européen. Ils l’ont fait sans tenir grand compte des réactions prévisibles des partenaires et des leçons de l’expérience. Le thème de la défense est imposé par les circonstances. Le partage des dépenses relatives aux opérations extérieures suppose un partage de la décision difficilement compatible avec la sauvegarde des souverainetés. Plus facile devrait être la mise en place d’un budget commun de recherche et d’équipement et celle d’un quartier général assurant une liaison nécessaire avec l’OTAN. La constitution d’un noyau dur à partir de la zone euro est généralement souhaitée sans que soit précisées ses implications institutionnelles. Confier le gouvernement de la zone euro alternativement à un Français et à un Allemand, comme le propose Sarkozy, serait faire prévaloir le critère de nationalité sur celui de compétence et d’engagement. Faire de la réunion des leaders nationaux le gouvernement de l’Europe, comme le propose Fillon, c’est ignorer l’expérience d’un Conseil européen paralysé par le choc des intérêts nationaux. Le rôle indispensable de la Commission face notamment aux  entreprises mondiales et comme promoteur de l’intérêt commun est passé sous silence. Un nouveau traité serait nécessaire pour démocratiser l’Exécutif européen mais les conditions d’une négociation positive ne seront pas réunies  avant longtemps. Juppé en tient compte en s’abstenant de propositions aventureuses tout en rappelant la nécessité d’un renforcement de l’Union des Européens.   


14 novembre 2016

Impuissance et populisme



            Paris, 14 novembre 2016
Un trait commun à l’Europe et aux USA est l’émergence du populisme à partir de l’impuissance d’institutions démocratiques à plusieurs niveaux. En Europe comme aux USA, on assiste à la révolte des victimes de la mondialisation insuffisamment secourues par des programmes bloqués par le Congrès aux USA, insuffisamment financés en Europe par un budget communautaire dérisoire. Ainsi un terrain propice au dénigrement des pouvoirs les plus éloignés des citoyens s’est créé. Bruxelles est voué aux gémonies tout comme Washington. Le cercle vicieux est parfait. Il faudrait renforcer les pouvoirs fédéraux alors qu’ils sont devenus impopulaires.   
Malgré l’élection désastreuse de Trump, les Etats-Unis ont de meilleures chances de s’en sortir grâce à leur patriotisme. Qu’avons-nous fait pour créer un patriotisme européen ?