21 octobre 2016

Veto, démocratie, fédéralisme



Paris, 21 octobre 2016.
Négocié depuis des années l’accord de libre-échange UE – Canada (CETA), approuvé par vingt-sept Etats, est bloqué par le Parlement wallon. Cette affaire qui frise le ridicule met en lumière une contradiction rarement dénoncée entre démocratisation de l’UE et souveraineté des Etats. Les eurosceptiques qui se plaignent des insuffisances de la démocratie européenne seraient les premiers à protester contre des décisions imposées à un Etat par une décision majoritaire. On l’a vu à propos de la répartition des migrants adoptée à la majorité qualifiée et refusée par plusieurs pays. Dans le cas du CETA, les Wallons peuvent invoquer l’exigence de ratification unanime prescrite par des traités qui n’ont pas été adaptés à l’accroissement du nombre des Etats membres. Qu’on le veuille ou non, la survie de l’UE, son existence comme acteur sur la scène internationale, implique une dose minimale de fédéralisme. L'incapacité du Conseil européen à adopter une position ferme face aux crimes de guerre perpétrés en Syrie en apporte une nouvelle démonstration.          

11 octobre 2016

L'Europe dans lacampagne présidentielle



            Paris, 11 octobre 2016
Après le Brexit, on pouvait espérer que les candidats des partis de gouvernement présentent des propositions en vue de sortir l’Union de la crise où l’ont plongée les désaccords entre Etats membres, notamment sur la question migratoire. Tous condamnent l’impuissance de l’Europe et s’accordent à en imputer la responsabilité à « Bruxelles » alors que, sur ce sujet difficile, la Commission avait proposé en temps utile la seule solution équitable et compatible avec nos valeurs, à savoir la répartition des demandeurs d’asile entre les Etats membres suivant leurs capacités. De même les candidats semblent ignorer que les progrès considérables accomplis ces dernières années en matière de lutte contre les paradis fiscaux et contre les abus des grandes multinationales sont largement dus à la Commission. De même encore, face au cynisme de Poutine en Crimée, au Donbass et en Syrie, la seule possibilité d’une réaction efficace dépend de l’unité de l’Occident et d’abord de l’Europe. Or loin de proposer de soutenir la stature de la Haute Représentante Mogherini, dont le rôle avait été apprécié dans les négociations avec l’Iran, certains d’entre eux n’hésitent pas à recommander de se passer de la Commission dans les négociations internationales. Nos candidats veulent refonder l’Europe plutôt que la relancer. Je crains que cette formule ne dissimule un penchant à réduire l’intégration au profit de la simple coopération, à affaiblir les deux institutions porteuses de l’intérêt commun, Parlement et Commission, au profit d’un Conseil européen stérilisé par les égoïsmes nationaux.