27 février 2016

Navrant spectacle


            Platier 27 février.

            Sans doute faut-il accepter comme un moindre mal l’accord arraché par un Cameron se flattant de « haïr Bruxelles » et d’avoir écarté pour toujours la perspective d’un Etat européen, comme s’il pouvait engager son pays pour l’éternité. Du moins aurait-on aimé voir le plus grand nombre possible d’Etats membres, les membres de la zone euro, à défaut les six Etats fondateurs, à défaut l’Allemagne et la France rappeler leur attachement à l’union politique. Au même moment, nous avons assisté au spectacle lamentable d’une réunion organisée à Vienne sans la Commission et sans la Grèce en vue d’obliger ce malheureux pays à supporter seul la présence de réfugiés bloqués à la frontière de la Macédoine. Les Etats du groupe de Visegrad (Pologne, Tchéquie, Hongrie, Slovaquie) persistent dans leur refus des quotas de réfugiés au risque de compromettre leur accès aux fonds européens. Manuel Valls se permet de critiquer en Allemagne Angela Merkel qui, pour imprudentes qu’aient pu paraître certaines de ses déclarations, n’en a pas moins sauvé l’honneur de l’Europe. Enfin le fragile et partiel cessez-le-feu en Syrie négocié entre les seuls Américains et Russes met une fois de plus en lumière l’effacement politique de notre continent.     

16 février 2016

Europe politique et Brexit



            Paris, 16 février
            Parmi les exigences de David Cameron, celle de la récusation de l’union sans cesse plus étroite est, au plan des principes, la plus dérangeante. L’idée suivant laquelle l’intégration économique déboucherait un jour sur une union politique était au cœur du projet européen. A vrai dire, un premier renoncement s’était produit quand en 1993/1994 trois pays neutres, Autriche, Finlande, Suède furent admis sans devoir renoncer explicitement à leur neutralité. Avoir admis quelques années plus tard les pays d’Europe centrale et orientale sans que soit évoqué l’objectif de l’union politique confirmait le renoncement. La négociation présente avec le Royaume-Uni aurait pu être l’occasion d’un éclaircissement de la notion d’union sans cesse plus étroite. L’appel à la solidarité lancé par la France à la suite des attentats était une autre occasion d’éclaircissement qui ne semble pas devoir être exploitée. Ainsi les opinions publiques déconcertées par l’incapacité des Etats d’exécuter leurs propres décisions en matière de répartition des réfugiés ont l’impression que la réalité politique d’aujourd’hui est celle d’une Union sans cesse plus divisée.
            Cependant la machine européenne continue à fonctionner dans l’intérêt des peuples comme on le voit à propos de la santé des banques, de la fiscalisation des firmes mondiales, de la protection des données informatiques. Mais l’insuffisance de la politique de communication de la Commission fait que tout cela est ignoré. Réintéresser l’opinion, notamment celle des jeunes au projet européen devrait être une priorité.