16 novembre 2015

Négocier avec Cameron


            Paris, 16 novembre

            Face aux demandes de Cameron – rejet pour le RU de l’union toujours plus étroite, veto des parlements nationaux, sauvegarde des intérêts des Etats hors zone euro, union plurimonétaire, délai de carence pour les droits sociaux des migrants – nul ne semble s’intéresser aux contreparties qu’il serait opportun d’exiger du RU. Il en est cependant deux qui devraient s’imposer. La première concerne le droit qui devrait être reconnu aux membres de la zone euro d’utiliser les institutions de l’UE pour gouverner le groupe plus intégré auquel Cameron déclare ne pas s’opposer. Il convient de s’assurer que, dans les institutions représentatives des peuples ou des Etats – Parlement et Conseil --  seuls les membres des pays concernés participeront aux décisions ne concernant qu’eux. En revanche, cette règle ne s’appliquerait pas à la Commission dont les membres ne sont pas les représentants des Etats et qui a pour mission de veiller à l'intérêt général de l'Union. La deuxième contrepartie que devrait imposer les circonstances présentes n’est autre qu’une confirmation des engagements souscrits par le RU dans le traité de Lisbonne en matière de sécurité et de défense. Cameron invoque à l’appui de ses demandes le rôle de son pays dans la défense de l’Europe mais s’est opposé systématiquement à tout ce qui pourrait donner une personnalité distincte à l’UE dans ce domaine. Ainsi la « coopération structurée » prévue par le traité n’a-t-elle pu être mise en œuvre. Il pourrait être à tout le moins demandé à Cameron de consentir à une augmentation significative du budget de l’agence des armements et à la mise en place d’un état-major européen.     

05 novembre 2015

Le diesel ou comment on rend l'Europe impopulaire

            Paris, 5 novembre.

            Bruxelles, nous dit-on, a cédé aux lobbyistes du diesel. Que s’est-il passé en réalité ? Dans le comité technique composé d’experts désignés par les Etats qui assiste la Commission les représentants de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont fait pression pour obtenir un allègement des contraintes imposées aux constructeurs automobiles. C’est pour échapper à ces contraintes que Volkswagen s’est rendu coupable des tricheries que l’on sait. Il semble en effet que les exigences contenues dans le projet initial de la Commission étaient difficilement atteignables. Qu’elle soit accusée de céder aux pressions des lobbies ou de se montrer trop rigoureuse, la Commission est toujours le mouton noir alors que son rôle est de défendre l’intérêt commun face aux Etats. Cette affaire montre l’importance prise par les normes dans les négociations internationales, celle notamment du traité de partenariat transatlantique qui commence à soulever des passions largement irrationnelles.