01 mai 2014

Alstom et l'Europe


Paris, 1er mai 2014
A la page 92 de mes Souvenirs européens (Presse fédéraliste), je relate un voyage en Allemagne, sur invitation de Siemens, en 1970, alors que j’exerçais les fonctions de directeur général des affaires industrielles. Il s’agissait de sonder les Français, au moment où ils décidaient de se rallier à la filière nucléaire dite à eau légère, sur un projet d’accord global franco-allemand sur le nucléaire. L’hostilité d’Ambroise Roux, alors tout puissant patron de la Compagnie générale d’électricité, fit échouer le projet. Si nous faisons des centrales de type américain, nous les ferons avec les Américains, me dit-­il.
Près d’un demi-siècle plus tard, s’impose un choix douloureux entre une solution allemande, européenne mais sans doute coûteuse en emplois, et une solution américaine sans doute plus pertinente en termes de complémentarité industrielle. Les gouvernements français ou allemand et la Commission ont échoué à mettre sur pied la politique énergétique commune qu’exige l’intérêt commun européen : sabotage d’Euratom par la France, abandon précipité et non concerté du nucléaire par l’Allemagne, faiblesse des interconnections, incohérence des soutiens aux filières solaires et éoliennes, négociations en ordre dispersé avec les fournisseurs de pétrole et de gaz, Russes notamment. Aussi seraient-ils mal placés pour reprocher aux industriels du secteur de manquer d’esprit européen. 

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