31 janvier 2014

La construction européenne, une idée molle suivant Régis Debray

Paris, 30 janvier Dans la dernière livraison de la revue Le Débat, dont le thème est l’enseignement de l’histoire, Régis Debray, dans un article au demeurant remarquable, écrit, à propos des manuels : « Les idées molles à la mode garantissent la conformité au groupe : les totalitarismes, la construction européenne, la parité en point d’orgue, Obama en référence ». Idée molle la construction européenne ? Peut-on qualifier ainsi le seul grand dessein poursuivi, certes non sans hésitations, par tous les présidents de la Vème République, le thème qui divise la Droite et la Gauche et qui a donné lieu aux plus vifs conflits d’opinion, notamment dans les années cinquante, à propos de la Communauté de Défense puis en 2005 à propos du traité constitutionnel. Idée molle, non, mais idée nouvelle, idée féconde mais trop mollement défendue par ses promoteurs. Idée à la mode, non hélas mais idée compromise aujourd’hui par les déceptions causées par des politiques faisant plus de part à l’austérité qu’à la solidarité.

22 janvier 2014

Pour un chapitre défense dans le budget de l'UE

Paris, 22 janvier. La décision d’envoyer 500 hommes en Centrafrique dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune est un signe de progrès dans la prise de conscience des responsabilités de l’UE. La signification politique de cette décision serait plus forte si elle s’accompagnait d’une réflexion sur le financement de telles opérations. L’inscription d’un chapitre défense dans le budget de l’UE devrait figurer en bonne place dans les projets visant à consolider la solidarité européenne et à préparer l’Union à assumer peu à peu le rôle d’un acteur majeur sur la scène mondiale. Il existe une agence européenne de défense supposée harmoniser les efforts nationaux en matière d’armements. Faute d’un budget significatif, elle s’est révélée, jusqu’à présent, incapable de promouvoir les mutualisations qui seraient source d’économies, notamment en ce qui concerne les nouveaux équipements et la recherche. Intégrer progressivement les dépenses d’armements dans un budget européen commun serait conforme aux exigences du principe de subsidiarité.

15 janvier 2014

Relance européenne: les conditions du succès.

Paris, 15 janvier La formation d’une nouvelle coalition en Allemagne coïncidant avec une inflexion significative de la politique française ouvre, à quelques mois des élections européennes, une fenêtre d’opportunité. Le moment est venu d’une initiative propre à rétablir la confiance profondément ébranlée dans le grand dessein européen que l’objectif du maintien de la paix ne suffit plus à justifier. C’est à quoi répond l’annonce par le président de la République d’une relance sur les terrains de la convergence économique, de la transition énergétique et de la coopération militaire. Il y ajoute une proposition de consultation mutuelle entre Allemagne et France avant toute initiative ainsi qu’une détermination à s’opposer à ceux qui, en France ou ailleurs, voudraient « détricoter » l’acquis communautaire. Se réjouir de la place faite à la relance européenne dans la parole présidentielle n’interdit pas de réfléchir aux conditions de son succès. Pour avoir de meilleures chances que bien des initiatives antérieures demeurées sans suites concrètes, cette démarche devrait rompre de manière explicite avec une posture traditionnelle de la diplomatie française consistant à assigner à l’Europe de grandes ambitions tout en lui en refusant les moyens institutionnels et budgétaires. Il s’agit de corriger les erreurs répétées qu’ont été l’acceptation des élargissements successifs sans accord réel sur les finalités et sans réforme pertinente des institutions, puis les non-réponses aux initiatives allemandes de 1994 (mémorandum Schaüble-Lamers) et de 2000 (discours de Joschka Fischer). Pour être prise au sérieux par nos partenaires et d’abord par le principal d’entre eux, l’initiative française de relance européenne devrait se situer sur un plan éminemment politique, celui de l’exercice en commun progressif de la souveraineté entre ceux des Etats membres de l’UE qui en auraient la volonté. Avoir situé la défense parmi les thèmes de relance est, à cet égard, un signe positif.

11 janvier 2014

Europe politique et défense

Paris, 11 janvier. Le Monde du 31 décembre publie l’appel du collectif allemand Glienicke pour une union renforcée de l’eurozone accompagné d’une réponse de Christian Lequesne s’interrogeant sur l’absence de référence au couple franco-allemand. Le Monde du 11 janvier rapporte les propos du ministre allemand Thomas de Maizières, passé de la Défense à l’Intérieur répondant fermement aux critiques adressées à l’Allemagne pour son allergie aux engagements militaires extérieurs. En décembre dernier, bien que la défense figurât à son ordre du jour, le Conseil européen n’a marqué aucun progrès significatif. Quelques semaines plus tôt, les gouvernements, celui de Berlin notamment, s’étaient opposés au projet de regroupement de l’aéronautique européenne. La France économiquement affaiblie a dû consentir au leadership allemand dans le domaine économique. Elle conserve une forte position en politique étrangère et de sécurité mais mesure aussi les limites de ses moyens. Le moment n’est-il pas venu d’une initiative française dont l’objet serait d’intégrer progressivement politique étrangère et défense dans le système institutionnel et budgétaire de l’UE ? La coopération structurelle prévue dans le traité de Lisbonne permettrait de surmonter l’opposition du Royaume-Uni, sans exclure, dans un second temps, un accord souhaitable avec la Grande-Bretagne. Il est temps de tirer les leçons de la totale stérilité de la simple coopération en ce domaine. L’avenir de l’union économique et monétaire ne sera véritablement assuré qu’au prix de progrès parallèles de l’Europe politique.