29 avril 2013

Une querelle absurde

Paris, 29 avril. La querelle qui déchire la majorité sans épargner totalement l’opposition, qui a ses souverainistes et ses germanophobes, est absurde. Combien de temps durerait une politique qui consisterait à relâcher l’effort alors que notre endettement continue à s’accroître ? Peut-on qualifier d’austérité une politique dont l’objet n’est pas de réduire l’endettement mais d’en limiter le dérapage ? N’y aurait-il donc rien à faire pour rendre l’espoir aux peuples européens ? Je persiste à penser qu’une plus forte discipline budgétaire au niveau des Etats portant sur les dépenses de fonctionnement et de laxisme social pourrait être compensée par une relance de la recherche, de l’innovation et de l’investissement au niveau de l’Union, ce qui présenterait plusieurs avantages : créer de l’emploi productif, améliorer les réseaux transeuropéens de transport, d’énergie et de communication, rendre un visage positif à l’Europe. A cette proposition, il est généralement répondu par une formule dont l’évidence n’est qu’apparente ; « On ne remédie pas à un excès d’endettement par de nouvelles dettes ». A la pratique ancienne : prodigalité des Etats, rigueur de l’Union, il s’agit de substituer un nouveau paradigme : rigueur pour les Etats, relance par l’Union, ainsi que l’avait proposé Delors. Les instruments existent : le pacte budgétaire, la Banque européenne d’investissements dont la réputation et le crédit sont intacts. Entre Allemands et Français se poursuit un débat qui porte davantage sur les priorités que sur le fond. Les Allemands veulent d’abord de la rigueur, une rigueur imposée par des mécanismes supranationaux, car ils n’ont pas confiance dans le sérieux de leurs partenaires. Sans doute n’excluent-ils pas, à terme, de nouveaux progrès de solidarité pouvant se traduire par un recours collectif à l’emprunt. Mais ils le subordonnent à un progrès en direction d’une union politique fédérale où, par exemple, l’Exécutif serait élu au suffrage universel. Sans refuser expressément cette perspective, la France voudrait que priorité soit donnée à la relance et d’abord par un étalement dans le temps du retour à l’équilibre des budgets nationaux. On rêve d’emprunts européens, les eurobonds, voire d’un accroissement du budget commun alimenté par des ressources propres mais on renâcle devant un saut fédéral dont on ne veut pas entendre parler. On voit en quoi pourrait consister, non une confrontation qui serait désastreuse, mais un rapprochement des positions des uns et des autres permettant une sortie de crise par le haut rendant enfin des raisons d’espérer ?

22 avril 2013

Un printemps glacial

Paris 22 avril. Sans doute est-ce mon désir de sortir de ce printeps glacial qui m'a fait dater de mai mon précédent message. Un printmps glacial tel sera le titr de mon prochain Observatoire de l'Europe qui se tiendra demain à 17h30, au Bureau du Parlement européen, 288 bld St Germain, en dépit d'éventuelles difficultés de circulation. En voici l'introduction. Lors de mon dernier observatoire, le 21 janvier, nous nous réjouissions de l’attribution du prix Nobel à l’UE. En ce 23 avril, les sujets de tristesse dominent, en premier lieu l’affaiblissement de la France après l’aveu stupéfiant - après tant de dénégations - de Jérôme Cahuzac, mais aussi, la violence des oppositions à propos du mariage pour tous et l’échec de la réforme territoriale proposée aux Alsaciens, dont on peut craindre qu’il ne renvoie aux calendes une réforme plus générale de nature à générer économies et simplifications. La vie communautaire des derniers mois a été dominée par une querelle entre la Conseil et le Parlement sur le cadre budgétaire pluriannuel, la faillite de Chypre, la stratégie de distanciation de Cameron, l’impasse politique en Italie, la naissance d’un parti anti-euro en Allemagne et le prolongement d’une crise marquée par une inquiétante polarisation Nord-Sud.

07 avril 2013

Etat d'urgence

Paris, 7 mai. L’aveu d’un Cahuzac, dont tout Paris connaissait apparemment les faiblesses, ouvre une crise d’une extrême gravité. Une majorité élargie au Centre et à la Droite modérée conduisant une politique de réformes et de moralisation (retraites et assurance maladie, suppression des cumuls, réduction drastique du nombre des ministres, des parlementaires et des élus locaux, fusion des régions et des départements) serait le meilleur et peut-être le seul moyen pour le Président de la République de rétablir son autorité en France et en Europe. Il pourrait alors demander une relance européenne par l’investissement dans les réseaux et la formation des jeunes chômeurs.