25 janvier 2013

Quelle réponse à Cameron ?

Paris, 25 janvier. La menace brandie par Cameron de quitter l’UE s’il n’obtient pas un statut à sa convenance ne doit pas être prise trop au sérieux. En réalité, le Premier ministre répond à la pression de la puissante aile europhobe du groupe parlementaire tory en reportant à une échéance lointaine le référendum qui lui est réclamé. D’ici là, les élites du pays qui savent ce que coûterait une sortie de l’UE auront le temps de réfuter les arguments simplistes et souvent fallacieux développés dans la presse populaire. Quant au statut spécial revendiqué, sa négociation ne sera pas facile, tant les meilleurs amis de Londres sont lassés de la prétention des Britanniques à ne prendre que ce qui leur convient dans la corbeille des politiques communes. Le refus de tout engagement en direction d’une entité politique est si fort que Cameron envisage, semble-t-il contre l’avis de sa propre administration, de remettre en cause les procédures destinées à lutter contre la criminalité internationale. Toute dérogation nouvelle qui serait consentie aux Britanniques se payera inévitablement d’une réduction de leur influence. L’essentiel est de préserver la capacité de l’Union à poursuivre son processus d’intégration sans que Londres puisse y faire obstacle. Cela suppose l’abandon de l’exigence d’unanimité pour la ratification de nouveaux traités et le choix de s’incliner ou de se retirer pour les minoritaires. La fermeté de ses partenaires devrait convaincre Cameron de renoncer à une entreprise politiquement aléatoire, à supposer qu’il remporte les prochaines élections, ce qui est loin d’être acquis si l’on en croit l’état actuel de l’opinion. La tentation est grande de prendre au mot le premier ministre en lui souhaitant bonne chance sur son chemin solitaire. Une réponse plus subtile, tenant compte de l’effet négatif qu’aurait une rupture pure et simple avec le Royaume-Uni, consisterait à lui offrir un statut spécial lui permettant de s’exonérer de certaines obligations en payant le prix de ces dérogations mais non de s’opposer aux progrès d’intégration décidés par ses partenaires.

18 janvier 2013

Observatoire et Souvenirs

Paris, 18 janvier. La présentation de l’actualité européenne que je fais tous les deux ou trois mois pour les membres d’ARRI (Association Réalités et Relations Internationales) aura lieu lundi prochain 21 janvier de 17h30 à 19h au bureau du Parlement européen, 288, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris. La France seule au Mali, la réponse aux propositions fédéralistes de l’Allemagne et aux exigences britanniques d’un statut dérogatoire en seront les principaux thèmes. J’annoncerai la publication dans Carnet d’Europe de mes Souvenirs européens 1950-2005 dont quelques exemplaires devraient être disponibles au prix de 20 €. Ceux de mes lecteurs qui souhaiteraient assister à la réunion peuvent en faire la demande au secrétariat d’ARRI (tél : 01 45 27 46 17).

03 janvier 2013

Europe. Optimisme ou pessimisme ?

Paris, 3 janvier. Le début d’année est l’occasion de s’interroger sur l’avenir. Les uns, tel l’éditorialiste de l’Agence Europe, Ferdinando Riccardi ou le président de la Fondation Robert Schuman, Jean-Dominique Giuliani soulignent sans cesse les progrès accomplis : mécanisme de stabilité, pacte budgétaire, projet d’union bancaire, création prochaine d’une taxe sur les transactions financières, accord sur le brevet européen. D’autres, parmi lesquels mes amis fédéralistes, Jean-Guy Giraud en tête, regrettent l’ajournement de tout débat sur l’union politique lors du Conseil européen de décembre et l’absence d’initiatives au Parlement européen. Le plus grave, à mes yeux, est l’attribution à l’Europe des souffrances des peuples, alors que ces souffrances seraient bien pires si l’Union ne contribuait pas à atténuer quelque peu les tendances au chacun pour soi. L’ironie qui a accueilli l’attribution du prix Nobel, même dans des cercles europhiles, montre l’ampleur des dégâts causés dans l’opinion par la combinaison de politiques timorées et de discours trompeurs. Pour sortir de cette impasse, nous aurions besoin de réformes plus audacieuses dans les Etats en perte de compétitivité et d’impulsions positives au niveau de l’Union, autrement dit plus d’audace pour tout à la fois réduire les gaspillages consécutifs à tant de structures inutiles ou inadaptées et soutenir recherche, croissance et emploi, les deux mouvements s’accomplissant dans le cadre de programmes coordonnés et partiellement financés au niveau européen.