23 novembre 2012

Le mensonge du désendettement

Paris, 23 novembre. L’objectif consistant à ramener le déficit public à 3 % du produit intérieur est généralement considéré comme rigoureux et sans doute inatteignable. Or la plus simple arithmétique montre qu’en l’absence de croissance, un déficit de 3 % entraîne un supplément d’endettement d’un pourcentage équivalent du pib. C’est dire que nous pouvons tout au plus espérer un ralentissement mais non une réduction de notre endettement. Autrement dit l’objectif de 3 % n’est rigoureux que par rapport aux errements antérieurs. Ce qui rend pénible la réduction modeste du déficit imposée par l’Europe, c’est l’insuffisance des financements européens disponibles pour l’investissement. Que l’Europe nous contraigne à réduire nos dépenses courantes en faisant la chasse aux gaspillages, aux doubles emplois, aux complications inutiles, fort bien. Mais veillons à maintenir l’effort de recherche, d’innovation et d’investissement dont dépend l’avenir, un effort d’autant plus fructueux qu’il sera collectif. C’est à cette aune et non à celle des bilans nationaux en versements et retours qu’il faudrait juger les débats du Conseil européen sur le budget de l’Union.

19 novembre 2012

Humanisons l'euro

Paris, 19 novembre Notre monnaie européenne s’apprête à revêtir de nouveaux habits. Cette opération devrait permettre d’en finir avec les éléments d’architecture anonymes souvent considérés comme symbolisant une Union technocratique et en quelque sorte désincarnée. Plusieurs choix sont possibles. Le plus facile qui semble aussi le plus probable est celui du visage de la déesse Europe telle que se la représentaient les anciens Grecs. Encore se limiterait-il au billet de 5 euros. Plusieurs autres choix illustreraient mieux le lien entre la monnaie commune et le grand dessein européen. Le recours aux lieux emblématiques des principales métropoles européennes serait plus attrayant que les architectures anonymes d’aujourd’hui. Serait-ce illustrer davantage les nations membres de l’Union plutôt que l’Union elle-même ? Mais que serait l’Union sans ses grandes cités ? Des esprits chagrins observeraient que la fonction des billets de banque n’est pas de composer un atlas touristique. Autre question, le choix des sites ou monuments retenus. C’est la difficulté d’opérer un choix qui avait conduit à la médiocre solution des architectures anonymes. Une autre solution propre à illustrer l’histoire de l’Union consisterait à rendre hommage aux personnalités qui ont été à l’origine des premières Communautés européennes. Aux sept coupures (5, 10, 20, 50, 100, 200, 500 €) pourraient correspondre la liste généralement reconnue des sept pères de l’Europe, l’Allemand Conrad Adenauer, le Luxembourgeois Joseph Bech, le Néerlandais Johan-Willem Beyen, l’Italien Alcide de Gasperi, les Français Jean Monnet et Robert Schuman, le Belge Paul-Henri Spaak. Leurs visages symboliseraient la paix durable enfin consolidée sur le continent par la recherche de l’intérêt commun et l’édification d’un ordre juridique supranational. Une autre option consisterait à illustrer nos nouveaux billets par les images de quelques grandes figures de l’humanisme européen. Viennent à l’esprit les noms de Dante Alighieri, d’Erasme, de Cervantès, de Shakespeare, de Copernic, de Goethe, de Hugo, liste donnée à titre d’exemple et composée en vue d’une représentation des principales aires culturelles de notre continent. Le renouvellement des billets devant s’étaler dans le temps, l’ordre dans lequel apparaitraient les visages des grands hommes pourrait être déterminé par tirage au sort. Cette procédure conviendrait également si prévalait l’option en faveur de sites ou de monuments. Avant d’opérer un choix entre ces diverses solutions, la Banque centrale devrait procéder à de vastes consultations, y compris à des sondages d’opinion précédés par des débats dans les médias. Depuis la plus haute Antiquité, la monnaie a été porteuse de symboles. Au moment où l’Europe traverse une crise qui l’amène à douter d’elle-même, il serait dommage que soit négligée l’occasion d’offrir à ses peuples des signes d’unité et d’espoir.

09 novembre 2012

Des symboles pour l'euro

Paris, 9 novembre. Il parait que la Banque centrale européenne se prépare à émettre de nouvelles coupures sur lesquelles la figure mythologique de la nymphe Europe remplacerait les architectures abstraites des actuels billets. Progrès sans doute bien qu’un appel à la mythologie suscitera sans doute les mêmes quolibets des europhobes. On sait comment le choix de faire figurer des ponts et des portes anonymes sur les billets a été considéré comme le parfait symbole d’une construction technocratique. Dessiner de nouveaux billets pourrait être l’occasion de familiariser le grand public avec quelques unes des figures de l’humanisme européen. On verrait bien Erasme, Dante, Cervantès, Copernic, Goethe, Hugo et même Copernic et Shakespeare, pour ne pas insulter l’avenir et rappeler aux Anglais cette européanité qu’ils renient aujourd’hui. Le choix serait difficile mais une rotation pourrait être prévue. Une autre formule plus audacieuse et qui ne me déplairait pas consisterait à rendre hommmage aux pères de l’Europe communautaire : Monnet, Schuman, Adenauer, Gasperi, Spaak. Pourquoi Mario Draghi qui a fait preuve de courage dans sa gestion de l’euro ne se montrerait-il pas audacieux dans le choix des symboles ?

05 novembre 2012

Un Exécutif politique pour l'UE

Platier, 5 novembre. L'une des causes principales de faiblesse de l'UE est l'absence d'un Exécutif politique reconnu à l'intérieur et à l'extérieur. Le saut fédéral nécessaire pour assurer la pérennité de la monnaie unique et au delà celle de la construction européenne consistera d'abord à doter l'UE d'un Exécutif mandaté directement ou indirectement par les peuples d'Europe. Après Angela Merkel, Tony Blair vient de se prononcer pour l'élection d'un préssident de l'UE au suffrage universel. En attendant ce pas décisif, une première étape pourrait consister à fusionner les présidences de la Commission et du Conseil européen, réforme ne nécessitant pas un nouveau traité. L'étape suivante devrait mettre fin à la dérive qui a fait de la Commission une doublure du comité des représentants des Etats. Il appartiendrait au président de l'Union de choisir un nombre retreint de vice-présidents de nationalité différentes mais choisis en foncction des compétences, chacun coiffant un ou plusieurs départements ministériels. Si l'élection directe était retenue, il serait intéressant de réfléchir à la possibilité de soumettre aux électeurs non des candidatures individuelles mais celles d'équipes plurinationales, ce qui permettrait une campagne électorale plurilingue et une représentation au sommet de la diversité européenne. Autre formule plus classique mais moins participative, l'élection de l'équipe exécutive par le Parlement.