26 avril 2012

Le non-dit de la campagne

Platier, 26 avril. Evacuée de la campagne, la question européenne ne tardera pas à réapparaître. Mieux vaudrait que ce soit avant le second tour. Les deux sélectionnés du premier tour savent qu’il n’y a d’avenir pour la France que dans l’Europe. Ils savent aussi que le redressement de nos comptes publics, tout comme ceux de l’Espagne et de l’Italie, pour ne pas parler de la Grèce, est quasi-impossible sans retour à la croissance. Le président de la Banque Centrale, Mario Draghi, vient de le rappeler. Sans doute vise-t-il plus des mesures de libéralisation ou de facilitation des initiatives que de nouveaux endettements. Un élargissement massif des interventions de la Banque européenne d’investissements en vue tout à la fois de pallier la carence des banques à soutenir les PME et de financer de grands projets d’infrastructure devrait cependant s’imposer en contrepartie et en complément de la règle d’or budgétaire. Il ne s’agirait pas là d’une innovation révolutionnaire mais de l’utilisation d’un outil créé par le traité de Rome, qui a rendu de grands services et qui peut en rendre de plus grands encore dans la conjoncture actuelle. Nous pouvons espérer l’appui des pays du Sud sur cette ligne mais nous aurions plus de chance de vaincre les objections allemandes si nous nous montrions plus ouverts à un pas en avant en direction de l’union politique c'est-à-dire de la légitimation démocratique des institutions européennes. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le discours dominant ne va pas dans cette direction. A force de confier à l’Europe l’exercice de la contrainte et de lui refuser la possibilité d’actions positives, on ne pouvait que la rendre impopulaire.