05 mars 2012

Les Etats Généraux de l'Europe

Paris, 5 mars 2012

La 4ème édition des EGE se tient samedi prochain 10 mars à Sciences Po Paris, à l’initiative d’Europanova et du Mouvement européen. J’y présenterai, au nom d’ARRI, l’exposé introductif aux débats de l’un des Ateliers, celui ayant pour objet « Quelle place pour l’Europe dans le monde ? ». Ci-dessous le schéma de cet exposé.

Unie, l’Europe pourrait être une puissance mondiale. Son élargissement n’a pu qu’accentuer la divergence qui a toujours existé entre diverses visions du projet européen. La création par le traité de Lisbonne d’un service diplomatique commun devrait être un pas en direction d’une Europe plus cohérente. A-t-il permis de rapprocher les positions des diplomaties nationales sur les principales questions à l’ordre du jour ? Quels obstacles ? Comment les surmonter ?
Les progrès en direction d’une défense commune semblent dans l’impasse malgré ou à cause de l’accord bilatéral franco-britannique de 2010. Les budgets militaires sont en baisse. La dispersion des programmes coûte cher. L’Agence européenne de défense n’a pas de budget.
La crise financière est un autre facteur d’affaiblissement, les Européens étant suspectés de réaction tardive et insuffisante.
Concernant même le défi climatique, l’UE a bien de la peine à conserver le leadership qu’elle a un moment exercé.
Ainsi la force principale de l’Europe, plus que dans sa puissance économique ou militaire, pourrait être dans le témoignage qu’elle offre de démocratie et de réconciliation entre anciens ennemis. C’est sur cette base plutôt que sur celle des rapports de puissance que l’Europe peut prétendre exercer une influence positive dans le monde. Le printemps arabe a révélé la force, trop souvent sous-estimée, de l’idée démocratique. Les réactions provoquées par l’intervention en Libye ont aussi montré la persistance d’une méfiance envers « l’Occident » dans de nombreux pays. La difficulté de mobiliser les grandes démocraties du Sud contre les atrocités de Bachar el-Assad est, à cet égard, significative. Elle me conduit à poser une question insolite. L’avenir de l’Alliance atlantique ne serait-il pas d’organiser la solidarité des démocraties au-delà de l’espace nord-atlantique ? Une Europe qui serait unie, au moins sur cet objectif, ne pourrait-elle exercer une influence sur la politique des Etats-Unis au-delà de l’espace couvert par l’Alliance ?
L’influence que pourrait exercer l’UE en faveur d’un meilleur ordre mondial, est affectée par un double éclatement : celui de sa représentation dans les instances internationales et celui de ses institutions affaiblies par la multiplication des présidences. Si utile qu’il ait été en temps de crise, le leadership germano-français ne saurait pallier, dans le long terme, la faiblesse d’institutions européennes affectées à la fois par une légitimité démocratique mal assurée et par une adaptation insuffisante à l’élargissement de l’Union. Notre partenaire allemand ne cesse de nous le rappeler, peut-être pour faire oublier sa prudence budgétaire. On aimerait une réponse claire des candidats à l’élection présidentielle peu prolixes sur ce que pourrait être une union politique européenne qui soit en mesure d’apporter sa contribution aux grands défis mondiaux.

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