03 août 2011

Réponse à Hubert Védrine

Platier, 3 août. Dans le Monde daté du 2 août, l’ancien ministre Hubert Védrine manifeste une fois de plus son allergie au fédéralisme, abusivement assimilé à la capitulation devant les marchés et les agences de notation. Ce gardien du temple mitterrandien s’agace de voir des personnalités de plus en plus nombreuses des milieux politiques, économiques ou médiatiques constater que l’Europe, et tout particulièrement la monnaie unique, ne peut avoir d’avenir que fédéral. Mais l’analyse de Védrine comporte un élément que les fédéralistes auraient tort de négliger. Il est vrai que la légitimité démocratique la plus forte est aujourd’hui encore celle des gouvernements nationaux, seuls en mesure de justifier les efforts, voire les sacrifices, rendus nécessaires par des années de gaspillage et d’imprévoyance. L’erreur de Védrine est ailleurs. Il ignore ou feint d’ignorer qu’une Europe qui aurait l’audace de combiner mutualisation des dettes et discipline commune pourrait utiliser sa capacité d’emprunt intacte, non seulement pour garantir les dettes souveraines de ses Etats membres, mais pour financer un ambitieux plan de recherche et d’innovation, donc, à terme, de compétitivité et d’emploi. Il ignore surtout ou feint d’ignorer qu’une Europe intergouvernementale, sans Exécutif politique légitimé par le suffrage direct ou indirect des citoyens et sans acceptation franche du principe majoritaire, ne peut être qu’une Europe de l’impuissance aussi bien pour ce qui est de l’économie et de la monnaie que pour la sécurité intérieure ou les relations internationales. En dépit de referendums qui ont condamné l’impuissance de l’Europe plus que ses excès de pouvoir, les peuples, mieux que les gouvernants, comprennent la nécessité d’une vraie Union. Encore faudrait-il leur montrer ce que l’Union peut faire pour eux et pas seulement l’austérité temporaire et hélas inévitable qu’elle impose à certains d’entre eux.