27 avril 2010

Crise grecque = crise de l'Europe des Etats

Platier, 27 avril
Non seulement les gouvernements ont fermé les yeux sur les comptes fantaisistes de la Grèce lors de son admission dans la zone euro, mais j’apprends qu’ils ont interdit à Eurostat, office statistique de la Commission, de vérifier l’évolution de ces comptes en lui imposant de passer par un interlocuteur unique pour ses contacts avec les administrations nationales. Le respect du pacte de stabilité devait, selon Jean-Claude Trichet, pallier l’absence d’un budget fédéral significatif. L’expérience a montré que ce pacte était inadapté : trop laxiste en période de haute conjoncture, trop restrictif en période de croissance molle. La logique eut été de le remplacer par une harmonisation contraignante et, si nécessaire, décidée à la majorité qualifiée, des politiques budgétaires nationales, en attendant la mise sur pied de finances fédérales alimentées par une fiscalité également fédérale. La crise grecque comme celle du cafouillage dans la gestion de l’espace aérien signe l’échec de l’Europe des Etats.

21 avril 2010

Les Etats généraux de l'Europe

Paris, 21 avril
Réunion sympathique à Strasbourg des Etats généraux de l’Europe, rendez-vous annuel des militants de la cause européenne. Tommaso Padoa-Schioppa qui présidait a fait observer que l’Europe sortirait transformée de la crise, en recul ou en progrès. La réunion a commencé par la lecture par Paul Collowald, ancien collaborateur de Robert Schuman de la Déclaration du 9 mai 1950, point de départ de la réconciliation franco-allemande et de l’Europe communautaire dont on ccélèbre cette année le soixantième anniversaire. L’intervention très ferme de Barroso a été très applaudie, comme celle de Sylvie Goulard, présidente du Mouvement européen-France. Je suis intervenu dans deux ateliers pour demander une réflexion sur la réforme du mode d’élection du Parlement dont la crédibilité accrue par la qualité de ses travaux est menacée par la montée de l’abstentionnisme. Le thème a été retenu dans les conclusions des ateliers présentées par Gaétane Ricard-Nihoul de Notre Europe et Pauline Gessant du Mouvement européen. J’ai rencontré deux lecteurs de ce blog dont j’avais fait la connaissance dans l’île de Ventotene. Nous devions nous revoir après la séance de clôture qui a duré plus que prévu. J’ai du partir avant et je les prie de m’en excuser.
La gestion discutable parce qu’éclatée de l’espace aérien européen redonne vie au projet d’une gestion unifiée qui serait à la fois plus efficace et moins coûteuse mais qui se heurte à des intérêts corporatistes déguisés sous l’étendard des souverainetés nationales.

10 avril 2010

Interrogations sur le couple franco-allemand

Paris, 10 avril
Le couple franc¬o-allemand : noces de diamant ou chronique d’un divorce annoncé ? Tel est le titre de la conférence que je suis invité à présenter conjointement avec une universitaire berlinoise au colloque qu’organise l’Université de Montréal à l’occasion du soixantième anniversaire de la Déclaration Schuman. Longtemps l’Allemagne militait en faveur d’une Europe fédérale sans en faire un préalable de son étroite entente avec une France allergique à la supranationalité. A deux reprises, depuis la réunification, de hauts responsables allemands, les chrétiens-démocrates Lamers et Schaüble en 1994, Fischer en 2000, ont avancé l’idée d’un noyau dur fédéral sans obtenir de réponse d’une France paralysée par la cohabitation. Aujourd’hui, la génération au pouvoir à Berlin n’a connu ni la guerre, ni la rédemption par l’Europe de l’immédiat après-guerre. Elle entend défendre les intérêts allemands avec la même fermeté que la France ou la Grande-Bretagne. Elle s’irrite à juste titre du laxisme budgétaire de ses partenaires et le fait savoir, s’agissant de la Grèce, dans des termes inutilement méprisants. Nous avons eu tort de reprocher à l’Allemagne, par la voix de Mme Lagarde généralement mieux inspirée, ses efforts pour rétablir sa compétitivité alors que rien ne nous interdisait d’en faire autant. Mais l’Allemagne a tort de refuser toute solidarité. Fallait-il ajouter au plan de rigueur imposé à la Grèce fautive, des taux d’intérêt pénalisants ? L’Allemagne a intérêt à conserver des partenaires solvables. Elle pourrait contribuer à redynamiser une économie européenne languissante en acceptant une utilisation raisonnable de la capacité d’emprunt de l’Union, seul moyen de compenser l’effet récessif des politiques nationales de retour à l’équilibre des finances publiques.
D’autres reproches parfois adressés à l’Allemagne depuis Paris ne sont pas justifiés. Elle ne ferait pas assez d’efforts pour sa défense. Elle ne partagerait pas notre ambition de faire de l’Europe une puissance. Ce discours n’aurait de sens que si nous étions prêts à partager notre souveraineté, notre statut de puissance nucléaire et notre siège au Conseil de Sécurité. Tel n’est évidemment pas le cas. Or à abuser de reproches injustifiés, nous affaiblissons nos rappels légitimes à la solidarité européenne.
Je développerai ces thèmes lors du prochain Observatoire de l’Europe d’ARRI qui se tiendra mardi à 17h, 288, bld St Germain. Qui voudrait y assister peut téléphoner à ARRI de ma part : 01 45 27 46 17.

01 avril 2010

Une bonne nouvelle

Paris, 1er avril
Le récent vote du Parlement serbe reconnaissant, après un long débat télévisé, la responsabilité de la Serbie dans le massacre de plusieurs milliers de musulmans bosniaques en 1995 à Srebrenica et présentant regrets et excuses aux familles des victimes n’est pas un poisson d’avril mais un témoignage de l’esprit de réconciliation que répand l’influence de l’UE. Notons cependant que le vote a été obtenu de justesse et qu’il a suscité la fureur de députés nationalistes acclamant le criminel de guerre Mladic que recherche en vain la Justice internationale. Seule l’adhésion des peuples de l’ex Yougoslavie à l’UE mettra un terme définitif à ce dernier drame européen qu’une intervention préventive aurait sans doute permis d’éviter. Mais cette adhésion, en accroissant de manière considérable le nombre des Etats membres à faible population, posera des problèmes institutionnels auxquels personne ne semble réfléchir. Mais ceci est une autre histoire…