25 août 2010

Les Roms, problème européen

Platier 25 août. La déclaration récente de Dany Cohn-Bendit proclamant que la solution du problème Rom était européenne a suscité une large approbation, celle notamment d’Alain Juppé et aucune contestation. Mais à ma connaissance, aucune formulation concrète sur la nature des solutions n’a été avancée à Bruxelles ou dans les capitales. La raison en est sans doute que toute solution suppose un financement européen. Le refus d’augmenter le budget de l’UE et plus encore celui de la doter de ressources propres paralyse son action dans tous les domaines. Or s’il est un domaine qui devrait relever de la solidarité européenne, c’est celui des migrations extérieures et intérieures. Un programme européen ambitieux d’intégration des Roms en priorité là où ils se trouvent s’impose au même titre qu’un programme visant les immigrés accueillis sur les côtes méridionales de l’Union, à Malte notamment, programme comportant, pour certains, une réinstallation dans le pays d’origine, pour d’autres, le droit de travailler dans l’UE. On attend un grand débat européen sur ces thèmes.
Je prie les habitués de ce blog d’excuser un silence d’une dizaine de jours.

13 août 2010

Méhaignerie contre l'impôt européen

Platier, 13 août. Voici le courriel que j’adresse ce jour à Pierre Méhaignerie, ancien ministre et leader centriste rallié à l’UMP.
Monsieur le Ministre,
Vous êtes l’un des plus éminents représentants du courant centriste au sein de l’UMP et nous sommes nombreux à avoir apprécié vos prises de position courageuses en matière fiscale et sociale. Votre récente condamnation de l’initiative du Commissaire polonais visant à doter l’UE de ressources fiscales qui lui soient propres n’aura pas manqué de surprendre tous ceux qui vous considéraient comme un défenseur de l’intégration européenne au sein du parti majoritaire.
Votre argument principal est celui de l’impopularité d’une telle proposition. Outre que le mérite d’un homme d’Etat est de soutenir parfois des mesures impopulaires, il ne devrait pas être très difficile de faire comprendre aux contribuables qu’un impôt européen se substituant aux actuelles contributions nationales n’augmenterait pas leur charge globale mais permettrait un meilleur usage de l’argent public par la rationalisation que permet la substitution d’une action commune à de multiples actions nationales plus ou moins bien coordonnées. L’institution d’une fiscalité européenne aurait en outre l’avantage d’éliminer les marchandages irritants autour des contributions nationales ainsi que les rabais arbitrairement consentis d’abord au Royaume-Uni puis à plusieurs autres Etats. En revanche, un prélèvement opéré sur les mêmes bases (transactions financières, énergie, carbone, billets d’avion, fraction de TVA ou des bénéfices des sociétés) varierait dans le temps et dans l’espace en fonction d’éléments objectifs.
Vous n’avez pas tort de douter des chances d’aboutir d’une telle proposition. Mais est-ce aux défenseurs de la politique européenne de combattre une initiative si conforme à la pensée des Pères fondateurs ? Ne vaudrait-il pas mieux s’interroger sur la possibilité de l’expérimenter au sein d’un groupe restreint, le couple franco-allemand, les Etats fondateurs, la zone euro ?
Je vous prie d’agréer, monsieur le ministre, l’expression de ma considération distinguée.
Robert Toulemon

10 août 2010

Une Union de 500 millions d'habitants

Platier, 10 août. Nous avons appris ces jours-ci que la population de notre Union européenne avait dépassé les 500 millions d’habitants. On aurait aimé que cette annonce soit l’occasion d’une déclaration des plus hautes autorités de l’Union, le président de la Commission, le nouveau président à temps complet du Conseil européen, appelant les citoyens de l’Union à la fierté d’appartenir à un aussi vaste ensemble de peuples ayant uni librement leurs destins et leur montrant la voie à suivre pour relever les défis auxquels ils sont confrontés. Le développement de l’euroscepticisme, la crise économique et sociale expliquent, sans les justifier, le profil bas des dirigeants de l’Union. La même frilosité a conduit à éliminer toute référence aux symboles dans le traité de Lisbonne. Jusqu’à présent la France ne s’est pas associée à la démarche d’une majorité d’Etats membres proclamant leur attachement à ces symboles, ce qu’a regretté, à plusieurs reprises, le Mouvement européen. Les grands hommes d’Etat sont ceux qui entraînent les peuples sur des voies qu’ils n’emprunteraient pas spontanément. La vocation de l’UE est de parachever son union et d’en proposer le modèle aux autres continents et à l’humanité entière. On attend les hommes ou les femmes qui oseront proposer aux Européens une grande ambition.

02 août 2010

Les corporatismes contre l'Europe. Suite

Platier, 2 août. Je n’imaginais pas que le relai de l’opposition à la création d’un service européen intégré par certains contrôleurs du ciel serait en quelque sorte repris par un mouvement de diplomates italiens. Le pays longtemps le plus fédéraliste d’Europe devrait comprendre que la logique de l’intégration conduit, en tous domaines, à rechercher plus de résultats avec des moyens plus réduits. La mise en place prévue au 1er décembre prochain d’une diplomatie européenne sous la forme du SEAE (Service européen d’action extérieure) qui sera placé sous l’autorité de lady Ashton et dont le principal objet sera de rapprocher les conceptions traditionnelles des politiques étrangères des Etats membres n’aurait guère de sens si elle ne s’accompagnait pas d’une réduction au moins équivalente des moyens des diplomaties nationales qui, au demeurant, sont appelées à fournir 40% des effectifs du SEAE. Ce n’est pas en conservant des corps diplomatiques nationaux globalement pléthoriques si on les compare à celui de la première puissance mondiale mais individuellement affaiblis par les restrictions budgétaires et plus encore par leurs rivalités héritées de la longue et triste Histoire des conflits inter-européens que l’Union pourra exercer dans le monde une influence correspondant à sa population de 500 millions d’habitants, à son produit économique le premier du monde et à sa contribution à la civilisation humaine encore inégalée.