29 juin 2010

Less leçons du G 20

Platier, 29 juin Des résultats du G20 de Toronto, ou plutôt de son absence de résultats, se dégagent quelques enseignements. Tout d’abord la stérilité de la coopération interétatique en l’absence d’une instance indépendante d’initiative et de proposition. Seul le Secrétariat général des Nations Unies serait en mesure de défendre le bien public mondial. Ainsi le projet visant à substituer le G20 à l’ONU n’a pas d’avenir. Ensuite nul ne sait où situer le curseur entre la lutte contre la spirale des endettements et la relance de l’économie. Le fait que chacun des Européens entend déterminer lui-même la positon du curseur aggrave les difficultés globales de l’Europe et de l’euro. Les discussions sur le futur financement de l’Union vont commencer. Ce devrait être l’occasion d’envisager la substitution d’une fiscalité européenne aux contributions nationales suivant les propositions d’Alain Lamassoure, président de la commission des budgets au Parlement européen. Ce devrait être aussi l’occasion de compléter les plans de rigueur nationaux par un programme commun de relance par l’investissement et l’innovation. Qu’attend la Commission pour faire entendre la voix du long terme et de l’intérêt général ?

25 juin 2010

Campagne électorale au Mouvement européen France

Platier, 25 juin. Sylvie Goulard dont il est juste de saluer l’action à la présidence du Mouvement européen France a jugé incompatible la poursuite de sa présidence avec son mandat de députée européenne obtenu en Bretagne à la tête d’une liste du Modem. Les conditions dans lesquelles elle a préparé sa succession au profit de Christian Philip sont controversées. Ce dernier comme ses concurrents, Jean-Marie Cavada, lui aussi député européen, le professeur Jean-Luc Sauron et Guy Hollman ont largement utilisé Internet pour faire connaître des projets et des intentions aussi sympathiques les uns que les autres. Espérons que la vigueur de leur compétition de les empêchera pas de travailler ensemble quand l’un d’entre eux aura triomphé. Espérons aussi que le nouveau président s’efforcera de faire du MEF le point de rencontre de tous les Mouvements qui militent pour l’intégration européenne et de renforcer les liens avec à la fois les Mouvements des autres pays de l’Union et avec le Mouvement européen international. Meilleurs vœux à celui qui sera élu ce soir.

16 juin 2010

Un texte de Churchill daté d'octobre 1942

Paris, 16 juin 2010 Mon fils Etienne me communique une lettre écrite par Churchill à son Secrétaire aux Affaires étrangères Anthony Eden, reproduite par le grand homme dans ses Mémoires. En voici un extrait : « C’est surtout à l’Europe que je pense, à la restauration de la splendeur de l’Europe, mère des nations modernes et de la civilisation. Ce serait un désastre immense si la barbarie russe submergeait la culture des anciens Etats européens. Quoi qu’il soit bien difficile d’en juger actuellement, j’aime à croire que la famille européenne pourra se rassembler afin d’agir en commun sous l’autorité d’un Conseil de l’Europe. Ce que j’attends, ce sont des Etats-Unis d’Europe dans lesquels les barrières entre nations seraient considérablement réduites, et où l’on pourrait circuler sans restriction. J’espère que l’on étudiera l’économie de l’Europe comme un tout. J’espère que l’on instituera un conseil, qui … disposerait d’une police internationale… Nous aurons, naturellement, à travailler avec les Américains… mais l’Europe reste notre premier souci.» Cette lettre est datée du 27 octobre 1942.

11 juin 2010

Ce qui manque à l'euro

Paris, 11 juin. La constitution d’un fonds de soutien de l’euro dont les emprunts seront garantis à 120% par chacun des Etats participants et auquel Polonais et Suédois ont annoncé leur volonté d’adhérer est une excellente nouvelle. Cependant la confiance dans la monnaie européenne ne semble pas encore totalement rétablie. Un débat difficile est ouvert entre ceux qui, tels les Allemands et les Néerlandais, donnent priorité au rétablissement de finances publiques rongées par le recours excessif à l’endettement et ceux qui, tels que nous, redoutent le risque de casser une reprise à peine amorcée. Ce devrait être le rôle de la Commission de proposer un compromis entre deux thèses dont chacune recèle une part de vérité. L’Europe retrouvera la confiance du monde quand elle adoptera un plan à moyen terme de réduction de la dette assorti de garanties politiques et juridiques et mieux encore si elle décidait d’utiliser sa capacité d’emprunt au soutien de la recherche et de l’innovation et pas seulement à des fins de garantie monétaire. Le meilleur atout des Européens, c’est leur unité.

03 juin 2010

Un conseil de Jacques Barrot

Paris, 3 juin A la fin d’un déjeuner-débat du club Europe-AFEUR d’ARRI, où il avait avec beaucoup de talent dressé un tableau de l’Europe à la lumière de son expérience de Commissaire, Jacques Barrot m’a mis en garde contre un excès de pessimisme de nature à encourager l’euroscepticisme. En effet pour le commentateur engagé de l’actualité européenne, la marge est étroite entre la dénonciation de ce que pourrait faire l’Union si on lui en donnait les moyens et la reconnaissance des bienfaits que nous lui devons et de ses progrès peu médiatisés car moins spectaculaires que les échecs. Un exemple : faut-il se réjouir de la création d’un mécanisme de garantie financière ou déplorer qu’il prenne la forme de 27 fonds nationaux plutôt que celle d’un fonds commun ? Autre indication inquiétante donnée par Barrot : l’impossibilité de recourir au vote au sein d’une Commission composée d’un commissaire par Etat, sans considération des populations avec pour résultat l’affaiblissement de la collégialité, un Commissaire pouvant s’opposer à la volonté majoritaire, comme on l’a vu à propos de l’harmonisation de l’assiette de l’impôt sur les sociétés. Qu’attend-on pour réfléchir à ce que deviendra la Commission après l’adhésion des nombreux petits Etats des Balkans occidentaux ?