27 février 2010

Faut-il s'inquiéter de la baisse de l'euro ?

Paris, 27 février.
Après des mois de lamentations au sujet du niveau excessif de l’euro qui pénalisait nos exportations hors d’Europe ou, comme pour les avions libellées en dollars, voilà que certains commentateurs s’alarment de la baisse, à vrai dire très limitée de l’euro. On nous dit même que certains spéculateurs se seraient donné pour objectif de ramener l’euro à la parité avec le dollar. Voilà qui contribuerait bien utilement à notre sortie de crise même si la BCE, décidait de relever ses taux d’intérêt pour combattre l’inflation importée. Souvenons-nous de la placidité avec laquelle les autorités des Etats-Unis ont accueilli les crises récurrentes de faiblesse du dollar et gardons notre sang-froid. Ce qui ne nous dispense pas de renforcer la discipline et la solidarité qui sont indispensables pour assurer l’avenir de notre monnaie commune qui demeure notre meilleure protection contre la spéculation et les dévaluations.

20 février 2010

Un gouvernement sans Etat ?

Paris, 20 février
Le président Van Rompuy a remis à l’ordre du jour le projet d’un gouvernement économique de la zone euro, vieille revendication française jusqu’à présent récusée par l’Allemagne qui y voyait une menace pour l'indépendance de la Banque centrale. La crise grecque a montré les faiblesses d’une monnaie sans Etat. On peut à bon droit s’interroger sur la pertinence d’un gouvernement sans Etat. Ce qui manque à l’Europe, c’est un gouvernement tout court, un gouvernement qui serait distinct des gouvernements nationaux, qui aurait sa légitimité propre et de réels pouvoirs. Le vent ne souffle pas dans cette direction. Cependant la nécessité d’imposer à la Grèce une vraie discipline en contrepartie de la solidarité qui lui a été promise obligera les gouvernements à reconnaître le rôle irremplaçable de la Commission. De même, à l’échelle mondiale, l’absence d’une Autorité commune de proposition explique les difficultés à traduire dans la réalité les orientations du G 20. Les gouvernements adorent l’intergouvernementalisme qui, croient-ils, préserve leur souveraineté, mais qui les condamne à l’impuissance.

12 février 2010

La crise grecque ou comment rendre l'Europe impopulaire

Paris, 12 février.
Il suffirait d’utiliser le crédit de l’UE pour sauver la Grèce sans que cela ne coûte un euro aux contribuables européens. Le traité de Maastricht (art.103A) autorise l’octroi d’une aide à un Etat victime de circonstances exceptionnelles. Les difficultés que rencontre la Grèce sont en partie la conséquence de sa mauvaise gestion. Mais elles résultent aussi de la crise dont le caractère d’exceptionnelle gravité n’est pas contestable. Une interprétation souple du traité permettrait donc de donner à la Grèce une garantie qui lui permettrait d’obtenir de nouveaux crédits à coût modéré le temps nécessaire au rétablissement de sa situation. Cette solution simple qui ne coûterait rien à personne est écartée pour la simple raison que les Etats, en particulier l’Allemagne, refusent de reconnaitre à l’Union toute compétence pour agir en tant que telle sur les marchés financiers et ajouter son propre endettement à celui de ses Etats membres. L’octroi par l’UE d’une garantie devrait aller de pair avec une mise en tutelle de l’Etat qui y aurait recours, solution mieux adaptée que celle de sanctions financières prévues dans le traité et dont le premier effet serait d’aggraver la situation de l’Etat en difficulté.
La présentation donnée des solutions envisagées semble faite pour rendre l’Europe impopulaire: auprès des pays appelés à venir au secours de la Grèce à qui on laisse entendre que les contribuables seront mis à contribution ; auprès des Grecs à qui l’on refuse la solidarité de l’Union au profit de prêts bilatéraux éventuels assortis d’une cure d’austérité renforcée.

08 février 2010

Sortir de la crise par le haut

Paris, 8 février
Les attaques spéculatives contre la Grèce pourraient être l’occasion d’un renforcement des structures de la zone euro. En contrepartie d’une solidarité que ne prévoit pas le traité de Maastricht mais qui est dans l’intérêt de tous les membres, une discipline collective devra être acceptée, non seulement par la Grèce qui a gravement failli en truquant ses statistiques, mais par tous les Etats ayant adopté l’euro et dont aucun ne respecte les critères de Maastricht. Une fois de plus, la faiblesse d’une Europe tournant le dos au fédéralisme éclate au grand jour. On peut le constater dans les domaines les plus divers : le mépris d’Obama pour une Union impuissante et ridiculisée par la multiplicité de ses porte-parole, la faillite de la « méthode ouverte de coopération » qui devait mettre en œuvre l’agenda de Lisbonne. Combien d’échecs et d’humiliations devront-nous subir pour revenir dans le seul chemin d’espoir, celui de la souveraineté partagée ?

03 février 2010

Face à la sous-évaluation du yuan, il est temps de réagir

Paris, 3 février.
La décision du président Obama d’en finir avec une politique de main-tendue à la Chine qui ne lui a rien rapporté offre aux Européens l’occasion de mettre la Chine en demeure de réévaluer sa monnaie à défaut de quoi ils appliqueraient des droits compensateurs à l’ensemble des importations en provenance de l’empire du milieu. Le yuan n’étant pas convertible, ce qui est légitime pour un pays émergent, son cours dépend entièrement de la décision des autorités chinoises. En vertu des règles du FMI, le cours d’une monnaie non convertible doit s’établir à un niveau qui permette un développement équilibré des échanges. La méconnaissance de cette règle par la Chine est à l’origine des énormes excédents commerciaux et monétaires engrangés par la Chine au détriment des anciens pays industrialisés et de sa propre population dont la plus grande part est soumise à des conditions de vie et de travail sans rapport avec le niveau de développement du pays. Un geste de fermeté de l’UE aurait par ailleurs l’avantage de montrer à Obama que l’UE existe et qu’il faut compter avec elle ce dont il parait, à juste titre, douter, comme vient de le montrer l’annonce de son absence à la rencontre euro-américaine de Madrid.