23 mai 2009

Nouvelle menace sur le traité de Lisbonne

Paris, 23 mai. Le scandale des notes de frais des parlementaires britanniques fait peser une nouvelle menace sur le traité de Lisbonne. Si Gordon Brown était contraint à organiser des élections anticipées qui, si l’on en croit les sondages, donneraient le pouvoir aux conservateurs de M. Cameron, le risque serait grand de voir ce dernier remettre en cause la ratification du traité par le Royaume-Uni. Espérons donc que les Irlandais votent le plus tôt possible, ce qui devrait conduire les présidents eurosceptiques de Prague et de Varsovie à déposer des instruments de ratification déjà votés par leurs parlements, sans oublier l’attente allemande de l’avis du tribunal constitutionnel de Karlsrhue. Certains seront tentés de penser qu’une nouvelle défaillance anglaise aurait le mérite de clarifier la situation et de conduire à une Europe à plusieurs cercles. C’est un pari auquel je me refuse. Le climat dans lequel se déroule la campagne électorale ne permet guère d’espérer un sursaut. Il faut plutôt faire confiance au temps et à la force des choses qui sont nos meilleurs alliés.

14 mai 2009

Deux avis qui expliquent l'abstention sans la justifier

Paris, 14 mai. Deux anciens députés européens parmi les meilleurs que notre pays aient envoyés à Strasbourg nous éclairent sur deux causes méconnues du manque d’intérêt pour les élections européennes. Michel Rocard explique dans les cahiers d’ARRI, que la pluralité des clivages au sein du Parlement (droite-gauche, fédéralistes–eurosceptiques, intérêts nationaux) atténue les antagonismes. La qualité du travail y gagne ce que le spectacle y perd. Les Français s’indignent du consensus droite-gauche qui est à la base de tous les progrès de l’Europe. Jean-Louis Bourlanges, rappelait de son côté, dimanche dernier dans l’excellente émission de l’Esprit public sur France-Culture, que les gouvernements jouent à faire comme si l’Europe politique existait alors qu’ils lui refusent compétence dans les domaines essentiels et moyens budgétaires. Plus ou moins consciemment, les électeurs devinent ce faux-semblant et en tirent prétexte pour s’abstenir au lieu d’interpeller les candidats sur ce point capital.

06 mai 2009

Sarkozy et le leadership européen

Platier, 6 mai. « Trop longtemps la France n’a pas pris l’Europe au sérieux…L’Europe, ce n’est pas eux, c’est nous ». Soyons reconnaissants au président d’avoir prononcé ces phrases et d’avoir parlé de l’intérêt général européen. L’élan dont l’Europe manque si cruellement ne lui sera donné que quand elle disposera d’un leader européen reconnu comme tel par les peuples. Aucun chef d’Etat ou de gouvernement national ne peut durablement remplir ce rôle et moins encore un directoire des grands. Dans quelques mois sera désigné le président de la Commission et, si le traité de Lisbonne est ratifié, le président à temps complet du Conseil européen. Une occasion se présente de mettre deux personnalités de premier plan à la tête de l’Union, en attendant de fusionner les deux fonctions et de soumettre l’élection au suffrage des peuples. Voilà de quoi devraient nous parler les candidats aux élections de juin.

03 mai 2009

Du vin rosé à la pêche

Platier, 2 mai. L’autorisation de produire du vin rosé par coupage de vin rouge et de vin blanc est en passe de devenir un nouveau thème de la démagogie anti-européenne. Les producteurs français de rosé y voient un risque de concurrence déloyale. Michel Barnier encore ministre de l’agriculture et tête de liste UMP en Ile de France se flatte d’avoir obtenu des règles d’étiquetage propres à éviter toute confusion. Or on vient d’apprendre par Jean Quatremer, correspondant permanent de Libération à Bruxelles, que l’autorisation de coupage de vins blancs et rouges avait été sollicitée par la France pour répondre au souhait de certains viticulteurs de faire face à la concurrence de vins coupés de pays tiers. Une fois de plus, l’Europe est critiquée pour une mesure prise à la demande de la France sans que les autorités françaises ne fassent de grands efforts pour rétablir la vérité. De même qui ose dire que, sans les quotas de pêche critiqués devant les pêcheurs par le président de la République en personne, il n’y aurait plus de poissons dans les eaux européennes et donc plus de pêcheurs!