02 février 2009

Un changement de paradigme

Paris, 2 février. La persistance de la crise bancaire et l’avalanche de licenciements et de fermetures d’entreprises qui déferle sur tous les continents montre que, comme dans les années trente, nous changeons de paradigme. La lutte contre la rareté n’est plus de mise. La demande solvable correspond de moins en moins à des capacités de production inemployées qui, en disparaissant, provoquent un nouvel effondrement de la demande. Keynes est de retour. Les politiques de création monétaire nationales sous la forme d’une bulle d’emprunts publics, loin de rétablir la confiance, affectent la crédibilité des monnaies. La stabilité de l’euro tient plus à la faiblesse du dollar qu’à la santé des économies européennes, celle du dollar plus à la faiblesse de l’euro qu’à la santé de l’économie américaine. La solution rationnelle consisterait, comme Keynes le proposait en 1945, lors de la création du FMI, à créer une monnaie mondiale gérée en fonction de l’intérêt général d’une économie depuis longtemps mondialisée. Mais les grands Etats ne sont pas plus prêts à renoncer à leur souveraineté monétaire qu’ils ne l’étaient en 1945. Aucun d’entre eux n’ose afficher le recours à la création monétaire pure et simple, la bonne vieille planche à billets, alors que leurs pratiques s’en rapprochent de plus en plus. Nul ne semble se souvenir que le FMI a la faculté de créer de la monnaie en émettant des droits de tirage. A défaut d’une monnaie mondiale encore utopique, ne pourrait-on imaginer un plan mondial de relance alimenté, non par une bulle de crédits, mais par une émission monétaire temporaire et encadrée, ne profitant pas qu’aux pays riches ? Bien sûr la répartition entre les Etats et les conditions exigibles seraient un casse-tête diplomatique, mais l’aggravation et le prolongement de la crise, désormais prévisible à défaut d’un plan mondial, ne constitue-t-elle pas un bien plus grave casse-tête ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un plan concerté serait surement plus efficace, en effet.
Deux questions.
- Une concertation avec les américains pourrait se faire sans monnaie unique. Le risque de change est-il si important ?
- Pourquoi la Commission n'impose-t-elle pas aux Etats un eaction concertée. L'UE a la monnaie unique mais comment mettre Sarkozy au pas et le faire jouer "européen" (sans parlere des autres états membres)?