27 décembre 2009

Retour sur Copenhague

Paris, 27 décembre.
Au regard des innombrables commentaires qui ont suivi la conférence, je suis amené à nuancer mon appréciation sur deux points.
Tout d’abord, l’échec est loin d’être aussi catastrophique que beaucoup le prétendent. La prise de conscience est désormais mondiale. La Chine, l’Inde et l’ensemble des émergents ne contestent plus qu’ils devront prendre part à l’effort global. Obama reconnait la réalité d’une menace que Bush niait.
La leçon pour l’Europe est plus cruelle encore que je ne le pensais. Alors qu’elle avait montré la voie, alors qu’elle était relativement unie, l’Europe a réussi ce tour de force d’apparaître comme inexistante. Des leaders nationaux en perpétuelle rivalité de prestige ne peuvent incarner l’Europe, parler en son nom et moins encore avancer des propositions. La preuve est faite une fois de plus de la nécessité d’un pouvoir européen disposant de sa propre légitimité. L’effacement de la Commission et l’éclatement des présidences qu’organise le traité de Lisbonne ne permettent malheureusement pas d’espérer une amélioration rapide.

20 décembre 2009

Le fiasco de Copenhague

Paris, 20 décembre.
L’échec de Copenhague est d’abord celui de la méthode diplomatique traditionnelle plombée par le dogme des souverainetés et son corollaire, la règle d’unanimité. C’est aussi la conséquence du court-termisme des dirigeants politiques soumis aux impératifs électoraux. La Chine et les Etats-Unis se sont affrontés sur la réduction de leurs émissions tout en étant d’accord pour refuser tout engagement contraignant. Et l’Europe dans tout ça ? Bien que plus unie qu’à l’habitude et montrant la voie, elle n’a pas joué le rôle de leader qui pourrait être le sien. Obama a préféré rencontrer dès son arrivée le Chinois, l’Indien, le Brésilien, le Sud-africain mais aucun des Européens ! Rencontra-t-il le président Van Rompuy lors des prochaines conférences prévues à Bonn, puis à Mexico ? Sera-t-il habilité à parler au nom des 27 ?

17 décembre 2009

Deux questions.

Paris, 17 décembre
1. Alors que le traité de Lisbonne est supposé donner un coup de fouet à la Défense européenne, on s'étonne que les demandes pressantes adressées aux Européens par Obama en vue du renforcement de leur présence en Afghanistan ne donnent lieu, apparemment, à aucune tentative de réponse commune. Y aura-t-il au moins une concertation avant la prochaine réunion de l'OTAN à ce sujet?
2. Quel serait le cours de l'euro si plusieurs pays membres de la zone euro ne souffraient de déficits abyssaux et d'un endettement qui menace de devenir insupportable? Je ne connais pas d'analyse de l'influence des déficits et de l'endettement sur la parité euro-dollar. Il est vrai que ces maux sévissent des deux côtés de l'Atlantique.

12 décembre 2009

Entente cordiale sur les bonus

Paris, 12 décembre.
La querelle au sujet des attributions de Michel Barnier et des déclarations triomphalistes de notre Président s’est heureusement et miraculeusement transformée en un accord franco-britannique pour imposer à titre exceptionnel et pour un an seulement les bonus bancaires. Ce miracle semble dû à la proximité de consultations électorales dans les deux pays. On parle aussi d’une taxe sur les transactions financières qui serait destinée à financer les programmes de réduction des émissions carbonées dans les pays pauvres. L’institution d’une fiscalité supranationale fondée sur des bases objectives est le seul moyen de mettre fin au marchandages irritants sur les contributions nationales qui empoisonnent la vie communautaire en Europe et paralysent les organisations internationales. Mais elle se heurte au tabou de la souveraineté.

05 décembre 2009

Deux erreurs présidentielles

Paris, 5 décembre.
En présentant l’attribution à Michel Barnier du portefeuille du marché intérieur et des services financiers comme un triomphe sur le modèle anglo-saxon, le président Sarkozy a commis deux erreurs : laisser croire qu’à ses yeux Barnier sera le représentant de la France à Bruxelles et non un commissaire tenu sous serment de ne recevoir aucune instruction, irriter inutilement les Britanniques au moment même où Gordon Brown semblait prendre quelques distances envers la City en approuvant un mécanisme européen de supervision des banques. Que dirions-nous si la nomination de Lady Ashton était qualifiée par Gordon Brown de triomphe de l’euro-atlantisme ?

20 novembre 2009

L'Europe invisible

Paris, 20 novembre
La désignation, au terme d’une procédure opaque du premier ministre belge Van Rompuy, chrétien-démocrate flamand aux fonctions de président du Conseil européen n’exerçant pas de fonctions nationales et de la baronne Catherine Ashton, commissaire travailliste au commerce extérieur, à celles de haut représentant aux affaires étrangères, vice-président de la Commission ne contribuera guère à donner à l’Europe la visibilité interne et externe qui lui fait cruellement défaut. La qualité des personnes n’est pas en cause mais ni l’un ni l’autre ne disposent de l’expérience et surtout de la notoriété que l’on serait en droit d’attendre des plus importants dirigeants de l’Union européenne. Ce résultat s’explique d’abord par la crainte non avouée mais bien réelle des gouvernements, et tout particulièrement de ceux des grands pays, de voir les institutions européennes acquérir une autorité, voire une légitimité qui leur soit propre. C’est cette même crainte qui a conduit à des institutions dont l’éclatement est une garantie de faiblesse : Commission composée comme si elle était en charge des intérêts des Etats plutôt que de l’intérêt général de l’Union, dualité des présidences du Conseil européen et de la Commission alors que les deux fonctions ont un profil très proche, maintien de la présidence semestrielle pour tous les Conseils de ministres à l’exception de celui des affaires étrangères qui sera présidé par Madame Ashton.
Si déplorable qu’elle soit, cette situation correspond à l’état actuel d’une Europe dont les peuples attendent beaucoup mais ne sont en rien mobilisés en sa faveur. L’émergence d’une Europe politique suppose une prise de conscience qui demandera encore beaucoup de temps, bien des efforts et sans doute, le moment venu, une plus nette démarcation entre tenants de l’Europe-espace et promoteurs de l’Europe-puissance. Prenons donc les choses avec philosophie en regardant aussi les éléments positifs : les qualités humaines et le talent de conciliateur de M. Van Rompuy, l’espoir faible à vrai dire qu’une Britannique donne du relief à une fonction dont Londres a tenu à limiter l’importance en s’opposant à ce que le titre de ministre lui soit donné, enfin et surtout l’économie d’une crise qui aurait fâcheusement marqué l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne.
La désapprobation générale qui accueille ces nominations laisse espérer pour l’avenir une procédure plus ouverte, les candidats étant invités à présenter, notamment devant le Parlement européen, sinon leur programme, du moins la conception qu’ils se font de l’exercice de la fonction à laquelle ils prétendent. La désignation des plus hauts dirigeants de l’Union dans un processus opaque ne correspond plus aux exigences d’aujourd’hui.

11 novembre 2009

Un automne historique

Paris, 11 novembre.
La coïncidence de la ratification du traité de Lisbonne, de la commémoration de la chute du Mur, de la présence de la Chancelière allemande à la cérémonie du 11 novembre est sans doute fortuite. Elle n’en est pas moins impressionnante et source de réflexions. Malgré tout l’Europe avance. La nécessité de parfaire son union est chaque jour plus évidente.
Les nombreux débats qui ont accompagné la commémoration berlinoise ont confirmé l’erreur commise par Mitterrand de ne pas s’être rendu à Berlin, dès le 9 novembre 1989, quoi qu’en dise Hubert Védrine. En revanche ce dernier a eu raison de rappeler la contribution de l’ancien président à la reconnaissance de la frontière germano-polonaise et à l’accord sur l’euro. La réunification de l’Allemagne, plus rapide que nul ne l’avait imaginé, a été imposée par le peuple allemand. Cet aspect démocratique et pacifique du mouvement qui a ébranlé le rideau de fer a été remarquablement mis en lumière dans les débats sur les ondes. Il faut, pour une fois, féliciter les médias français de la place qu’ils ont accordée à cet anniversaire européen autant qu’allemand.
On ne pouvait qu’être ému au spectacle du président et de la chancelière rallumant la flamme ce matin. Un regret cependant que leurs discours n’aient pas été conclus par le « vive l’Europe » qui paraissait s’imposer. Certains voudraient faire du 11 novembre une fête de la réconciliation franco-allemande. Je l’avais proposé lors de la disparition du dernier poilu sans ignorer pour autant la difficulté de demander aux Allemands de perpétuer la célébration d’une défaite ? Voilà du moins l’occasion de demander une célébration plus éclatante de la journée du 9 mai qui est et doit demeurer la fête de l’Europe.

30 octobre 2009

Identités multiples

Platier, 29 octobre
Le meilleur moyen de répondre aux critiques qui s’élèvent face au projet Besson de débat sur l’identité nationale consisterait à promouvoir le concept d’identités multiples et complémentaires. Promouvoir la seule identité nationale à l’encontre de toutes les autres ou même la privilégier à l’excès peut apparaître comme un encouragement au nationalisme. C’est en revanche enrichir l’identité nationale de montrer que dans le monde actuel elle ne s’oppose pas aux autres cercles légitimes et nécessaires de solidarité. La commune (éventuellement élargie), la région, la nation, l’Europe, l’humanité doivent être considérées comme autant d’espaces de solidarité dans le monde globalisé qui est le nôtre et qui fait face à des défis eux-mêmes globaux. Ce débat sur les identités devrait être l’occasion de mettre en lumière le rôle pionnier de la construction européenne dans l’invention d’un nouveau rapport entre nations à laquelle la France peut s’honorer d’avoir grandement participé.

23 octobre 2009

A propos d'agriculture

Platier, 22 octobre

L’octroi récent d’un complément d’aide de 280 millions d’euros aux producteurs de lait suscite plusieurs réflexions.
D’abord un regret pour la lenteur de cette décision alors que le prix du lait n’assure plus, depuis des mois l’équilibre des exploitations. Une fois de plus la politique européenne montre son manque de réactivité. On a continué à subventionner les céréaliers quand les prix des céréales leur assuraient des superprofits tout comme on a tardé à venir au secours des éleveurs.
Ensuite la constatation que le libre jeu du marché compensé par des subventions n’est sans doute pas la meilleure formule pour l’agriculture européenne. Une certaine régulation des prix et des quantités produites n’est guère évitable.
Enfin la prise en compte des impacts positifs ou négatifs de l’activité agricole sur l’environnement doit être beaucoup plus largement pratiquée qu’elle ne l’est aujourd’hui. Au moment où les producteurs de porc font appel, à leur tour, aux aides européennes, le moment est venu de tirer les leçons de la catastrophe que représente la pollution des eaux et du littoral breton.

17 octobre 2009

Blair président du Conseil européen ?

Paris, 17 octobre

La candidature de Tony Blair à la présidence, non de l’Europe, comme on le dit parfois en France, mais du Conseil européen qui se réunit quatre fois par an, interpelle les militants européens. Les avocats de l’ancien Premier britannique font valoir son indiscutable charisme, sa notoriété en Europe et dans le monde. Les plus optimistes espèrent que sa nomination rapprocherait les Britanniques de l’Europe. Ils font valoir l’influence qu’aura l’autorité de son premier titulaire sur le contenu encore incertain de la fonction. Certains parlent avec Giscard, qui regrette que l’âge lui interdise de briguer le poste, du Washington européen appelé un jour à être élu au suffrage universel, ce qui en ferait alors effectivement le président de l’Europe.

Malheureusement cette candidature se heurte à d’énormes objections. La sympathie qu’inspire le souriant Tony Blair ne permet pas d’oublier qu’il n’a pas pris le moindre risque pour lutter contre une europhobie plus anglaise que britannique alimentée par une presse populaire ne reculant devant aucune forme de désinformation. Il n’a pas tenu sa promesse d’organiser un référendum en vue de l’adoption de l’euro. Son ancien ministre des Affaires européennes Mc Shane qui soutient sa candidature reconnait qu’il a plaidé éloquemment pour l’Europe partout sauf en Grande-Bretagne. Il a soutenu sans états d’âme la politique désastreuse de Bush en Irak. Tout cela devrait conduire à écarter sa candidature. Et cependant son échec au profit d’une personnalité inconnue du grand public risque d’être interprétée comme un échec de l’Europe et d’affaiblir la voix collective des Européens. Seule une campagne précédant une élection populaire serait la solution. En attendant, je ne vois qu’une figure susceptible de nous éviter d’avoir à regretter Tony Blair, celle de l’ancien ministre des Affaires étrangères allemand Joshka Fischer qui a su donner aux Verts allemands le sens des responsabilités internationales et dont on n’a pas oublié le discours à l’Université Humboldt. Dommage que Delors soit octogénaire !

12 octobre 2009

Contrastes polono-tchèques. Incertitudes allemandes

Paris, 12 octobre

Alors que le président tchèque Vaclav Klaus tente une ultime et lamentable manœuvre de retardement en subordonnant la signature du traité de Lisbonne à la demande d’une garantie contre tout recours des Allemands des Sudètes expulsés après la guerre que les Tchèques n’avaient jamais évoquée lors des négociations, deux bonnes nouvelles nous viennent de Pologne. La première est la signature du traité par l’eurosceptique président Kaczynski ; la seconde moins connue est l’annonce que la Pologne qui présidera l’UE au second semestre de 2010 donnera priorité à la défense européenne. Il s’agit d’un renversement de position significatif d’un pays qui ne croyait qu’à l’OTAN et qui a été déçu par le faible appui apporté par les Etats-Unis à la Géorgie et par l’abandon du projet d’installations anti-missiles en Pologne et en République tchèque. Cette affaire nous rappelle utilement que la création d’un président du Conseil européen à mandat prolongé ne met pas fin à la rotation semestrielle des autres présidences, exception faite de celle des ministres des Affaires étrangères.

Le Centre d’étude des relations franco-allemandes de l’IFRI (Institut français des relations internationales) a publié une excellente étude sur l’arrêt de la Cour constitutionnelle allemande relatif au traité de Lisbonne. Cette étude est disponible sur le site internet du CERFA : http://cerfa-ifri.org. Elle révèle l’intention des juges constitutionnels allemands de s’opposer à tout progrès nouveau d’intégration européenne dès lors que n’existe pas un peuple européen. Cette vision statique de l’Europe a donné lieu à de vives critiques de la part de personnalités politiques, notamment de l’ancien ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer.

06 octobre 2009

Après le vote irlandais

Paris, 6 octobre
Le soulagement et la joie que nous cause le oui massif des Irlandais ne nous dispense pas d’un effort de lucidité. C’est à quoi nous invite Jean-Guy Giraud, créateur avec moi et animateur infatigable des Amis de la Convention devenus les Amis de la Constitution puis les Amis du traité de Lisbonne. Ceux qui n’en sont pas destinataires trouveront intérêt à la lecture de sa dernière « Brêve »



BRÈVE À L'ATTENTION DES AMIS DU TRAITÉ DE LISBONNE N ° 241




UN OUI... ET PLUSIEURS NON


La satisfaction - le soulagement - procurés par le retentissant OUI irlandais a curieusement provoqué, dans la presse et les milieux politiques français, une floraison d'éditoriaux et de déclarations parfois surprenants, voire contestables, auxquels il convient d'apporter des "bémols" immédiats - que les associations européennes ne manqueront pas de développer plus longuement dans les jours qui viennent ...



NON, le Traité de Lisbonne n'est pas une "boîte à outils qui permettra de clore le long chapitre institutionnel qui a dominé les débats depuis la fin de la guerre froide". Il s'agit bien au contraire d'une nouvelle étape - en fait tardive - dans l'édification d'une Europe dont l'unité, la solidarité et la force politique demeurent très insuffisantes tant vis-à-vis de ses citoyens que du reste du monde. Le Traité de Lisbonne n'est pas la phase ultime de l'évolution de l'UE : de nouvelles révisions seront nécessaires pour poursuivre la tâche historique de l'unification européenne et adapter l'UE à l'évolution rapide et imprévisible du monde contemporain (voir Brève n °240).

NON, l'opinion publique n'est pas en proie à une soi-disant "fatigue institutionnelle" : elle manifeste plutôt sa lassitude vis-à-vis de Gouvernements nationaux incapables de conduire rapidement et efficacement les procédures de ratification de traités qu'ils ont pourtant négociés et signés - grâce, disons le pour le Traité de Lisbonne, au remarquable travail préparatoire de la Convention supranationale (voir Brève n°233).

NON, la conception "directoriale" du gouvernement de l'UE n'est pas la bonne. L'UE ne peut pas être durablement dirigée par des "couples" de leaders nationaux, au demeurant aléatoires et éphémères. C'est inacceptable pour la quasi totalité des Etats membres de fait exclus des couples providentiels - mais c'est surtout incompatible avec la nature même de l'Union. Jean Monnet le disait ainsi : "Si rien n'est possible sans les hommes, rien n'est durable sans les Institutions car elles seules deviennent plus sages en accumulant l'expérience collective " (voir Brève n° 219).

NON, l'Etat membre le plus peuplé et le plus puissant d'Europe - l'Allemagne - n'est pas soudainement devenu eurosceptique du fait de quelques "obiter dicta" politiques introduits par une majorité des huit juges du deuxième sénat de la Cour de Karlsruhe dans leur décision (au demeurant positive) sur la constitutionnalité du Traité de Lisbonne. Non, le souci de l'Allemagne de préserver autant que faire se peut l'équilibre de ses finances publiques - et par la même celui de l'Euro dont elles sont le principal soutien - n'est pas une manifestation de repli national, tout au contraire. Non, les réticences allemandes vis-à-vis de l'approche directoriale du gouvernement de l'Europe ne sont pas un indice de tiédeur européenne : c'est l'inverse qui est vrai.

NON, l'écroulement du mur de Berlin n'a pas fait "deux victimes : Jean Monnet et Jacques Delors". Il se trouve au contraire que l'évolution du monde contemporain et du continent européen en particulier renforcent plutôt leur étonnante prémonition : la fin du totalitarisme communiste et la réunification pacifique du centre de l'Europe n'ont été rendus possibles que par l'existence d'une terre d'accueil - l'UE. Et elles ne s'avèreront durables que si se poursuit et se renforce "l'union toujours plus étroites des peuples européens" qui demeure l'objectif central voulu par les pères fondateurs et gravé au frontispice des traités de l'UE (y compris celui de Lisbonne, voir Note n° 276).

NON, l'élargissement de l'UE ne doit pas forcément conduire à sa dilution et son affaiblissement - pourvu qu'il soit conduit par une stratégie politique soucieuse tout autant d'accueillir dans l'Union de nouveaux membres bien préparés que de préserver sa mission première d'intégration politique interne. Une telle stratégie a cruellement manqué pendant le dernier quinquennat de la Commission au cours duquel une gestion administrative et incontrôlée du processus d'élargissement a largement prévalu (voir Brève n°205).

NON, le Traité de Lisbonne n'autorise pas le Conseil européen à choisir un futur Président qui ne s'engagerait pas publiquement à aider l'UE à " franchir des étapes ultérieures pour faire progresser l'intégration européenne " (Préambule du TUE) ou qui n'aurait pas l'autorité pour le faire ; non, le Parlement européen ne peut pas accepter de confirmer la nomination d'un Président et de membres de la Commission qui ne prendraient pas tout aussi publiquement un tel engagement.


La phase de mise en œuvre du Traité va s'ouvrir dès que les Présidents de deux Etats membres de l'UE auront accompli leur devoir de signature - ou se seront retirés. Il convient de l'accueillir avec espoir et optimisme après avoir démenti les objections et clarifié les doutes de bonne et mauvaise foi que suscitent toujours les grandes entreprises et espérances ...



Jean-Guy GIRAUD

03 octobre 2009

Enfin ! Réponse à Bertrand Le Gendre

Paris, 3 octobre

En ce début d’après-midi, nous apprenons que les Irlandais ont renoncé à retenir l’Europe en otage. Il reste à tordre le bras du président tchèque sollicité par Cameron de retarder le dépôt des instruments de ratification contre l’avis de son parlement et semble-t-il de son peuple. Il reste aussi à tirer les leçons de l’épisode irlandais pour aligner le mode de révision des traités européens sur la norme internationale qui exclut l’unanimité.

Bertrand Le Gendre annonce dans le Monde du 1er octobre la mort de l’Europe de Jean Monnet. Jacques-René Rabier, l’un des plus proches collaborateurs de Jean Monnet, a bien voulu cosigner avec moi la réponse suivante.

Non, M. Le Gendre, l’Europe de Jean Monnet n’a pas disparu avec le Mur

Gorbatchev nous a révélé que le succès de l’intégration à l’Ouest contrastant avec l’échec du Comecon de l’Est avait contribué à la démoralisation de la direction soviétique. La chute du Mur et, au-delà, celle du système d’oppression qu’il symbolisait ne fut pas la défaite mais la victoire de l’Europe de Jean Monnet, une Europe fondée sur l’adhésion volontaire de pays libres.
Que, faute d’avoir renforcé ses structures avant de s’élargir, l’Europe se soit diluée, qu’elle suscite moins d’enthousiasme, nous l’accordons volontiers à Bertrand Le Gendre(1). Mais les facteurs de progrès sont toujours là. Le défi climatique constitue, depuis Kyoto, pour les Européens, un nouveau moteur d’intégration et un champ d’influence exceptionnel à l’échelle du monde. La crise financière vient de montrer de manière éclatante le rôle protecteur de l’euro. Ne doutons pas que les défis de demain, à commencer par la construction d’une gouvernance mondiale dont la naissance du G 20, inspirée par l’Europe, n’est qu’un modeste embryon, ne nous donnera de nouvelles raisons de poursuivre sur la voie ouverte par Jean Monnet et Robert Schuman en 1950.
On oppose parfois artificiellement Europe supranationale et Europe intergouvernementale. Eloigné de tout dogmatisme, Jean Monnet n’a pas hésité à soutenir dans les années soixante-dix la création du Conseil européen, symbole de la coopération entre les Etats. Il n’en oubliait pas pour autant ce que lui avait appris son expérience à la Société des Nations, à savoir que si les hommes passent, les institutions demeurent et que l’exigence d’unanimité est source de faiblesse et souvent de paralysie. L’Europe du traité de Lisbonne, enfin sur la bonne voie, ne sera pas le décalque des fédérations historiques. Unissant des Etats et des citoyens, son mode de fonctionnement devra permettre une différenciation autorisant les plus ambitieux à aller de l’avant en attendant que les retardataires les rejoignent. Elle combinera des principes non contradictoires mais complémentaires qui en feront un type d’organisation sui generis, utile modèle pour une humanité globalisée. Opposer l’Europe de Jean Monnet et celle du général de Gaulle n’a guère de sens aujourd’hui.
Convaincre l’opinion éclairée, celle des jeunes et des intellectuels en particulier, qu’il s’agit là d’un grand dessein digne de susciter l’enthousiasme et de mobiliser les énergies, c’est hélas ce que les élites européennes n’ont pas su faire. L’ont-elles seulement tenté ? Ce n’est pas en annonçant à chaque occasion la mort du rêve européen que nous rendrons à nos concitoyens confiance en leur avenir collectif.

Jacques-René Rabier, proche collaborateur de Jean Monnet
Robert Toulemon, auteur du livre « Aimer l’Europe »

(1) Voir le Monde daté du 1er octobre 2009

26 septembre 2009

A propos de la Poste et du G 20

Paris, 26 septembre
Le démantèlement des monopoles nationaux était dans la logique du marché unique. Il aurait pu, dans certains cas, prendre la forme de la création de services publics européens. Un subtil mélange d’ultra-libéralisme et de nationalisme y a fait obstacle, même dans des cas où les avantages d’un service européen unifié étaient évidents. La gestion des nouveaux réseaux de télécommunication, le contrôle aérien, la création d’un réseau européen de trains à grande vitesse, les interconnexions électriques, la surveillance des frontières et même une Poste qui doit assurer une péréquation au profit des régions excentrées à faible population seraient assurés avec une meilleure efficacité et sans doute un moindre coût, par des agences européennes intégrées. Il en existe certes quelques unes mais qui se limitent le plus souvent à tenter de coordonner ou à aider les services nationaux. Tel est le cas par exemple de l’agence Frontex chargée non de la surveillance des frontières comme on le dit mais de l’aide aux Etats dans ce domaine. Ajoutons qu’un timbre unique pour les lettres, un tarif unique pour les téléphones portables, un uniforme unique de gardes-frontières contribueraient à développer le sentiment d’appartenance à l’Union. Un seul domaine, celui de la monnaie, a miraculeusement échappé à cette résistance des Etats face à l’Union. L’effet protecteur de la monnaie unique pendant la crise financière n’est hélas connu que des spécialistes.
Je commenterai plus tard un G 20 dont la portée réelle est encore difficile à apprécier. Je note seulement l’absence de toute référence aux droits fondamentaux dans une instance qui se présente comme l’embryon d’un gouvernement mondial.

19 septembre 2009

Que penser de l'investiture de Barroso?

Paris, 19 septembre
Le succès plus large que prévu obtenu par Barroso devant le Parlement : 382 voix sur 718 votants (sur 736 députés) s’explique peut-être par l’excès de certaines critiques. Barroso a souffert du climat d’euroscepticisme généré par l’échec du traité constitutionnel. La passivité qui lui est reprochée pendant la crise financière résulte largement de l’attitude des gouvernements des principaux pays soucieux de garder la main. Une initiative qui aurait échoué faute de soutiens eut été pire. Enfin, il est conforme à la démocratie qu’un Parlement dominé par la Droite désigne un président de Commission de la même tendance. L’affaiblissement de la Commission risque de s’accentuer encore si de nouvelles adhésions conduisent à augmenter encore le nombre de Commissaires venant de pays à faible, voire très faible population. On s’étonne que ce problème soit si rarement évoqué. Il est vrai que la seule solution raisonnable – laisser le président libre de composer son équipe – déplait à tous les gouvernements, hélas nombreux, qui s’accommodent d’une Union paralysée par le glissement vers l’intergouvernemental.

15 septembre 2009

Il faut que la France commémore la libération de l'Europe centrale

Paris, 15 septembre
Les archives récemment dévoilées par le Foreign Office ont confirmé les premières réactions d’hostilité à la perspective de réunification de l’Allemagne qui étaient partagées par Margaret Thatcher et François Mitterrand après la chute du mur de Berlin, Mitterrand ayant cependant la lucidité de juger, contrairement à son interlocutrice, que la réunification était inévitable. N’avoir pas accompagné le sentiment de libération qui fut celui des peuples si longtemps soumis au joug soviétique n’en fut pas moins une faute lourde de conséquences. On peut se demander si le moindre engagement européen de l’Allemagne d’aujourd’hui ne s’explique pas, au moins en partie, par ce manque de solidarité européenne, alors que les Etats-Unis du premier Bush apportaient au chancelier Kohl un appui total. Aussi attend-on avec curiosité que se concrétise l’intention prêtée à Pierre Lellouche, nouveau secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, de réussir, à l’occasion de la commémoration de la chute du mur, le rendez-vous franco-allemand qui a été raté il y a vingt ans. ( Le Monde daté du 12 septembre).

02 septembre 2009

Un texte étonnant de Léon Blum

La Cadière, 2 septembre 09
La Revue Commentaire publie, dans son numéro d’été, entre deux excellents articles sur l’Europe de Gilles Andréani et de Jean-Lous Quermonne, un article paru dans le Populaire du 21 mai 1930 à propos du projet Briand d’un « lien fédéral » respectant entièrement la souveraineté des Etats membres. Sous le titre « On ne fédère pas les pays européens sans s’attaquer résolument à la notion de souveraineté » Blum éclaire admirablement cette contradiction qui aura si longtemps paralysé la politique européenne de la France. Qu’on en juge par quelques extraits de ce texte surprenant par la date de sa rédaction. « Il faut sans doute un commencement à tout, surtout à de si grandes tâches. Mais encore est-il nécessaire que les premiers pas… soient faits dans la bonne voie. Or, je redoute que M. Briand s’engage ici dans une impasse… Tout en invitant l’Europe à souscrire à ce premier régime d’Union fédérale, il pose en effet comme un principe absolu l’intégrité des souverainetés actuelles…L’idée avec laquelle il faut en finir est celle de cette souveraineté sans limite et sans mesure de chaque nation, à l’intérieur de ses frontières fortuites. Je dis fortuites parce qu’il n’y a pas une seule nation au monde qui vive dans un cadre ethnique, géographique, historique offrant un caractère de nécessité. L’ordre et la paix ne sont possibles entre les nations que si elles se soumettent à des lois communes…

27 août 2009

Bonus et supervision bancaire

Platier 27 août 09
L’accent mis sur les bonus ne devrait pas faire oublier les dérives qui ont conduit les banques à se détourner de leur métier de base pour se livrer à des spéculations sans rapport avec l’économie réelle et comportant des risques non mesurés. Les experts indépendants s’accordent à préconiser l’octroi à la Banque centrale européenne, qui a fait preuve d’une parfaite maîtrise au plus fort de la crise, de la supervision des banques. Une forte position franco-allemande en faveur de la BCE ou d’un organisme proche d’elle (pour ménager les susceptibilités britanniques) permettrait d’aborder les prochaines discussions européennes et internationales dans de meilleures conditions. Il est paradoxal de confier à Michel Camdessus une mission dans ce domaine et de ne pas suivre les recommandations formulées par la commission qu’il a présidée.

18 août 2009

Un geste de solidarité de la présidence suédoise

Platier 18 août
La libération de Clotilde Reiss qu’on espère définitive bien qu’elle soit assignée à résidence à l’ambassade en attendant les décisions, qu’on n’ose appeler jugement, de la Justice iranienne est la conséquence de diverses interventions suscitées par la diplomatie française dont celle de la Syrie, dont l’évolution est intéressante depuis que le fils a succédé au père. Peut-être n’a-t-on pas remarqué une déclaration de la présidence suédoise affirmant qu’une injustice commise à l’encontre du ressortissant d’un quelconque pays de l’UE affectait l’Union elle-même et tous ses Etats membres. Certes cela va de soi mais il est significatif, à la veille du référendum irlandais, que ce principe ait été rappelé par un pays qui se voulait et s’affirmait traditionnellement neutre. Autrement dit, dans l’UE, la neutralité ne peut faire obstacle à la solidarité.

13 août 2009

Hommage à François Luchaire

Platier, 13 août.
Après le professeur Gerbet, un autre grand universitaire européen disparait. Nous le rencontrions souvent à la Maison de l’Europe dont il était un fidèle et dans les colloques du Centre international de formation européenne. Ami de François Mitterrand et ancien de la Résistance, il est de ceux qui ont exercé une influence positive sur les attitudes de l’ancien Président de la République à l’égard de l’Europe. Il avait été membre du Conseil constitutionnel.

04 août 2009

Les rigidités de la politique agricole européenne

Platier, 5 août.
J’ai déjà dénoncé une rigidité qui conduit à maintenir des aides devenues injustifiées quand les prix flambent alors qu’elles se révèlent insuffisantes quand la conjoncture se retourne. La situation dramatique des producteurs de lait en témoigne aujourd’hui. De même, on comprend mal que le remboursement d’aides aux producteurs de fruits et légumes et à certains pêcheurs, jugées illégales au regard de la législation communautaire, soit exigé avec un pareil retard. Les gouvernements français successifs étaient, nous dit-on, au courant de ce contentieux. Si c’est vrai, ils ont eu tort de laisser trainer les choses et la Commission a eu tort de ne pas rendre l’affaire publique beaucoup plus tôt. Résultat de ce gâchis : une menace de condamnation coûteuse pour la France dont on sait l’état des finances, un thème de propagande idéal pour les adversaires de « la technocratie bruxelloise » dont certains des plus virulents sont ceux-là même à qui l’Europe a le plus profité !

30 juillet 2009

Une taxe carbone européenne serait mieux acceptée

Platier, 30 juillet.
Parmi les questions que pose la création d’une taxe sur les émissions de CO 2, il en est une à laquelle aucune réponse vraiment satisfaisante n’est apportée. Il s’agit de mettre en œuvre un programme européen. Il est important de connaître les intentions de nos partenaires, ne serait-ce que pour s’assurer qu’il n’y aura pas de distorsion de concurrence. Une taxe carbone européenne n’aurait pas contribué à rendre l’Europe populaire mais aurait été mieux acceptée. Le maintien de l’unanimité pour toute décision en matière fiscale qui vient d’être confirmé à la demande des Irlandais est l’un des principaux freins au développement de politiques communes répondant aux défis sociaux et environnementaux. Reconnaissons aux socialistes français, que j’ai critiqué lors de mon précédent message, le mérite d’avoir osé poser le problème de l’impôt européen.

23 juillet 2009

Un Polonais préside le Parlement européen

Platier, 23 juillet.
L’élection d’un ancien Premier ministre polonais, ancien de Solidarnosc, à la présidence du Parlement est le signe heureux de l’intégration des anciennes nations captives dans la famille européenne. Jerzy Buzek a été élu à une très large majorité grâce à l’accord qui conduit traditionnellement les deux principaux groupes à se partager les cinq ans de présidence. Cet accord, désormais traditionnel, est mal compris en France où on y voit une compromission fâcheuse entre Droite et Gauche. C’est ne rien comprendre à la culture de compromis sans laquelle le Parlement serait impuissant face au Conseil et à la Commission. Aucun groupe ne disposant de la majorité absolue nécessaire pour l’adoption d’un texte, le rapprochement des points de vue s’impose. L’expérience a montré que la recherche d’un accord sur des sujets conflictuels (directive services, règlement sur la chimie) était parfois plus efficace au Parlement qu’au Conseil. En se dissociant de leur groupe et en s’abstenant, alors même qu’ils reconnaissaient les qualités personnelles de Jerzy Buzek, les socialistes français ont commis une lourde erreur qui aura pour effet d’affaiblir un peu plus leur influence.

16 juillet 2009

Hommage à Pierre Gerbet et Jean-Pierre Gouzy

Platier, 16 juillet.
L’un nous a quitté, l’autre est bien vivant. Tous deux ont été, dans des registres différents, des constructeurs de l’Europe. Pierre Gerbet, décédé subitement il y a quelques jours au cours d’un voyage en Europe centrale, aura été l’un des meilleurs historiens de la construction européenne. Nous avions fait équipe à Sciences Po dans les années soixante-dix et il m’avait beaucoup soutenu et encouragé lors de la création de l’AFEUR. Il m’avait accompagné quand nous avons rejoint ARRI. Jean-Pierre Gouzy est un très ancien et toujours actif militant européen. Il s’honore d’avoir participé au congrès fondateur de La Haye en mai 1948. Militant de conviction fédéraliste, ancien président de l’association des journalistes européens, vice-président de la Maison de l’Europe de Paris, il vient de publier aux Editions de Paris une « Histoire de l’Europe » appelée à devenir un ouvrage de référence. Les générations plus jeunes y trouveront une mine d’informations sur les combats de leurs devanciers, les raisons des succès comme celles des déceptions.
L’installation du nouveau Parlement et l’élection de son président ont donné lieu à plus d’attention des médias et à des commentaires souvent contestables. Ce sera l’objet de mon prochain message.

07 juillet 2009

Deux informations inaperçues

Platier, 7 juillet.
Presque simultanément deux informations nous sont venues d’Allemagne qui méritent réflexion bien qu’elles aient été peu commentées dans les médias français. D’une part la chancelière Angela Merkel a fait adopter une disposition constitutionnelle imposant le retour à l’équilibre des finances publiques allemandes d’ici à 2016. D’autre part, le tribunal constitutionnel de Karlsruhe, tout en autorisant la ratification du traité de Lisbonne, semble fermer la porte à tout nouvel élargissement des compétences communautaires, notamment dans le domaine de la sécurité intérieure. Ce dernier point reste à préciser à la lumière de la décision qui, à ma connaissance, n’a pas été publiée en français. Il n’en demeure pas moins que la divergence croissante entre une tendance allemande au raidissement solitaire et une propension française à toujours plus d’endettement également solitaire annonce des lendemains difficiles. Il fut un temps où l’Allemagne multipliait des propositions fédéralistes que la France ignorait alors qu’elles nous eussent garantis contre la dérive vers la zone d’échanges sans contenu politique. Que d’occasions perdues ! Combien d’humiliations devront subir les Européens avant de comprendre que l’Europe de la simple coopération intergouvernementale n’est qu’une forme trompeuse de la non-Europe ?

03 juillet 2009

Congrès et remaniement. Des perspectives inquiétantes

Platier, 3 juillet.
On ne peut que se féliciter de la volonté d’action du président de la République, celle notamment d’engager enfin cette réforme territoriale recommandée tour à tour par les commissions Attali et Balladur et qui n’a que trop tardé. Mais comment ne pas s’inquiéter de l’absence totale de la dimension européenne moins d’un mois après le renouvellement du Parlement? Les thèmes d’un emprunt destiné, entre autres, à la recherche et à la croissance verte appelaient une proposition à l’échelle de l’Europe. Au niveau d’endettement où nous sommes, il ne serait pas inutile de faire appel à la capacité d’emprunt très sous-utilisée des institutions européennes. Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel est d’éviter des plans d’investissement nationaux non coordonnés donc moins efficaces, psychologiquement moins bien acceptés et générateurs de contentieux car sources potentielles de graves distorsions de concurrence. De surcroît, un conflit avec l’Allemagne et la BCE est prévisible si nous renonçons à l’assainissement de nos finances et comptons sur l’inflation pour alléger nos dettes. Mieux vaudrait un affrontement avec nos voisins sur l’emprunt communautaire et l’élargissement du budget européen aujourd’hui qu’un conflit demain sur l’inflation ! Autre souci pour les relations franco-allemandes : était-ce bien le moment de déplacer Le Maire dont chacun reconnaissait les aptitudes et les succès dans ce domaine et de le remplacer par un homme certes brillant et aux fortes convictions, à vrai dire plus atlantiques qu’européennes, mais dont on se demande s’il sera un bon avocat auprès de Bruxelles et de Berlin ?

20 juin 2009

Vers une Europe plus politique

Platier, 20 juin.
La place prise par le Parlement dans la désignation de la nouvelle Commission, et d’abord de son président, marque, avant même l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, un pas en direction d’une Europe plus politique. Que Barroso soit ou non confirmé, le nouveau Parlement aura fait sentir son poids comme jamais auparavant. Le pas suivant devrait être l’émergence d’un Exécutif distinct des gouvernements nationaux issu de la double confiance des Etats et du Parlement en attendant son élection au suffrage universel. La légitimité des institutions européennes dépend de leur capacité à répondre aux attentes des citoyens. De ce point de vue, l’absence d’un véritable plan de relance européen et la prise en charge insuffisante des reconversions douloureuses imposées par la crise demeurent le problème majeur. Les concessions faites à l’Irlande dans le domaine fiscal étaient inévitables. Elles ne devraient pas faire obstacle à un débat sur l’avenir des financements européens. L’Europe politique c’est aussi une Europe disposant de ses propres ressources.
Pas de nouveau message avant le 2 ou le 3 juillet.

17 juin 2009

Deux bonnes nouvelles

Platier, 17 juin.
La déroute de Declan Ganley qui se flattait de faire élire plus de cent députés souverainistes sous l’étiquette de « Libertas » compense quelque peu le regret de constater une nouvelle progression de l’abstention. Le seul élu de Libertas est Philippe de Villiers curieusement allié à un partisan de l’adhésion de la Turquie. Ganley avait financé la campagne mensongère qui conduisit au non des Irlandais au traité de Lisbonne. Il a annoncé qu’il renonçait à intervenir dans la nouvelle campagne référendaire qui devrait s’ouvrir en Irlande. L’autre bonne nouvelle est le maintien de Gordon Brown à Downing street. Des élections anticipées au Royaume-Uni auraient vraisemblablement conduit à l’arrivée au pouvoir de Cameron. Or le leader conservateur a annoncé son intention de remettre en cause la ratification du traité. Ce sera plus difficile si le traité est en vigueur après avoir été ratifié par les Vingt sept.
L’UE continue à s’enfoncer dans la crise sans réactions autres que nationales. L’entente rétablie entre Sarkozy et Merkel se fait à minima. On verra si le nouveau Parlement est en mesure de réagir, par exemple en imposant un président de Commission plus ambitieux pour les capacités propres de l’Union que Barroso.

09 juin 2009

L'Europe au lendemain des élections au Parlement européen

Platier 9 juin
Tout d’abord les résultats
Une fois de plus l’abstention massive et de nouveau en progrès en France et ailleurs démontre l’incapacité des élites à susciter l’intérêt des peuples pour ce qui demeure le grand dessein géopolitique de notre temps. Or ce grand dessein ne connaîtra son accomplissement tant qu’il ne sera pas porté par une plus forte adhésion populaire. Parmi les causes de ce désintérêt, Jean-Louis Bourlanges privilégie l’attitude des gouvernements unanimes à faire semblant que l’Europe politique existe, alors qu’ils lui refusent les moyens d’exister. Un autre ancien député européen Michel Rocard a expliqué dans nos derniers Cahiers que le triple clivage – droite-gauche, fédéralistes-souverainistes, intérêts nationaux – contribuait au sérieux des travaux du Parlement mais ne favorisait pas le spectacle. Si déplorable qu’elle soit, gardons-nous de tirer des conclusions erronées de l’abstention. Tous les ensembles fédéraux, à l’exception de l’Allemagne qui a connu pour son malheur sa phase d’unitarisme, connaissent une abstention massive aux scrutins fédéraux.
Celles des listes en présence qui ont mis en avant les enjeux européens et le défi climatique en ont tiré bénéfice au détriment de celles qui ont fait de la politique intérieure. Les contestataires les plus radicaux de l’Union n’ont pas fait recette. L’extrême gauche, sous ses deux dénominations, a dirigé ses attaques sur les politiques et non plus sur un cadre institutionnel qu’elle récusait naguère.
L’Europe face à la crise
L’impuissance de l’Europe à répondre aux angoisses que génèrent dans une large partie du corps social les conséquences, en particulier pour l’emploi, d’une crise dont on ne voit pas la fin est aussi un puissant facteur d’euroscepticisme. Les grandes réunions médiatisées de chefs d’Etat ou de gouvernement, qu’elles soient au niveau de la zone euro, de l’UE ou du G 20, les annonces de règles nouvelles, celles par exemple contenues dans l’excellent rapport Larosière sur la régulation financière, la fin annoncée mais non accomplie des paradis fiscaux ou des rémunérations extravagantes ne sauraient remplacer une action massive de prise en charge des victimes, financière mais plus encore sous forme d’offres de formation. Or les instruments dont dispose l’Europe dans ces domaines, fonds social et depuis peu fonds d’adaptation à la mondialisation, sont dramatiquement sous-dimensionnés. Enserrée dans des cadres trop étroits, leur action est largement ignorée. De même, la coordination, au demeurant plus formelle qu’effective, de plans de relance nationaux ne saurait avoir l’impact psychologique et l’efficacité opérationnelle qu’aurait eu un plan de relance européen financé par le budget européen et privilégiant le développement durable. Au moment où le moteur franco-allemand prétend redémarrer, un examen de conscience des deux pays serait bienvenu : récurrent laxisme budgétaire de la France, égoïsme proclamé de l’Allemagne, refus des deux pays de donner un budget à l’UE…
Ce n’est pas un hasard si la seule institution vraiment fédérale de l’Union, avec la Cour de Justice, est celle dont l’action apparait à la fois la plus pertinente et la plus protectrice. La Banque centrale, longtemps critiquée pour une politique qui s’est révélée plus judicieuse que celle de la Fed américaine tant vantée, a pu, en coopération avec ses homologues, assurer la liquidité des banques. Ses interventions dites non conventionnelles contribuent utilement au redémarrage du crédit bancaire. L’euro donne aux pays qui l’ont adopté une garantie contre les attaques spéculatives dont on ne soulignera jamais assez la valeur pour les pays à tradition inflationniste. Il resterait à mutualiser la capacité d’emprunt des Etats membres de la zone euro pour que soit définitivement écarté tout risque de défaillance d’un Etat de faible dimension. Mais cela supposerait un pas en avant vers le fédéralisme auquel nos Etats ne sont pas prêts.
L’Europe dans le monde et le traité de Lisbonne
Que l’Europe gagnerait à être plus unie, un bref tour du monde et plus encore des questions qui agitent le monde, la Russie, la Chine, la nouvelle politique des Etats-Unis, la paix au Moyen-Orient, le défi climatique, la prolifération nucléaire, en apporte autant de démonstrations. Lors d’une récente conférence ARRI, Jean-Pierre Lévy chef de la cellule de prospective du Quai d’Orsay nous disait avoir été témoin de la satisfaction des dirigeants russes à l’annonce de l’échec du référendum sur le traité constitutionnel. Voilà qui en dit long sur le prix de nos divisions, en particulier sur la question capitale de notre approvisionnement en gaz. Le traité de Lisbonne élargit aux questions énergétiques les compétences de l’UE, renforce le statut du Haut Représentant pour la politique étrangère qui sera désormais vice-président de la Commission et présidera le Conseil des ministres des Affaires étrangères et crée un président à temps plein et à mandat prolongé du Conseil européen. Sa ratification devrait contribuer à favoriser une politique commune dont la nécessité est aveuglante en ce domaine comme dans bien d’autres. L’éventualité d’élections prématurées au Royaume-Uni qui amèneraient M.Cameron au pouvoir fait peser sur le traité de Lisbonne un aléa au moins aussi redoutable que l’humeur changeante des citoyens irlandais appelés aux urnes en octobre.

01 juin 2009

L’Europe protectrice

Paris, 29 mai.

Une loi européenne protège les enfants contre les jouets dangereux, venus notamment de Chine. Il semble démontré que l’addiction de nombreux enfants aux spectacles violents et en particulier à certains jeux vidéo contribue largement au déferlement de la violence juvénile et en particulier aux violences scolaires que nous rapportent chaque jour les médias. Pourquoi l’Europe n’interdirait-elle pas la diffusion commerciale ou sur internet de ces spectacles bien plus dangereux que les pires jouets chinois ? Elle pourrait le faire non au titre de l’éducation qui n’est pas de sa compétence mais au titre de la protection des consommateurs.

23 mai 2009

Nouvelle menace sur le traité de Lisbonne

Paris, 23 mai. Le scandale des notes de frais des parlementaires britanniques fait peser une nouvelle menace sur le traité de Lisbonne. Si Gordon Brown était contraint à organiser des élections anticipées qui, si l’on en croit les sondages, donneraient le pouvoir aux conservateurs de M. Cameron, le risque serait grand de voir ce dernier remettre en cause la ratification du traité par le Royaume-Uni. Espérons donc que les Irlandais votent le plus tôt possible, ce qui devrait conduire les présidents eurosceptiques de Prague et de Varsovie à déposer des instruments de ratification déjà votés par leurs parlements, sans oublier l’attente allemande de l’avis du tribunal constitutionnel de Karlsrhue. Certains seront tentés de penser qu’une nouvelle défaillance anglaise aurait le mérite de clarifier la situation et de conduire à une Europe à plusieurs cercles. C’est un pari auquel je me refuse. Le climat dans lequel se déroule la campagne électorale ne permet guère d’espérer un sursaut. Il faut plutôt faire confiance au temps et à la force des choses qui sont nos meilleurs alliés.

14 mai 2009

Deux avis qui expliquent l'abstention sans la justifier

Paris, 14 mai. Deux anciens députés européens parmi les meilleurs que notre pays aient envoyés à Strasbourg nous éclairent sur deux causes méconnues du manque d’intérêt pour les élections européennes. Michel Rocard explique dans les cahiers d’ARRI, que la pluralité des clivages au sein du Parlement (droite-gauche, fédéralistes–eurosceptiques, intérêts nationaux) atténue les antagonismes. La qualité du travail y gagne ce que le spectacle y perd. Les Français s’indignent du consensus droite-gauche qui est à la base de tous les progrès de l’Europe. Jean-Louis Bourlanges, rappelait de son côté, dimanche dernier dans l’excellente émission de l’Esprit public sur France-Culture, que les gouvernements jouent à faire comme si l’Europe politique existait alors qu’ils lui refusent compétence dans les domaines essentiels et moyens budgétaires. Plus ou moins consciemment, les électeurs devinent ce faux-semblant et en tirent prétexte pour s’abstenir au lieu d’interpeller les candidats sur ce point capital.

06 mai 2009

Sarkozy et le leadership européen

Platier, 6 mai. « Trop longtemps la France n’a pas pris l’Europe au sérieux…L’Europe, ce n’est pas eux, c’est nous ». Soyons reconnaissants au président d’avoir prononcé ces phrases et d’avoir parlé de l’intérêt général européen. L’élan dont l’Europe manque si cruellement ne lui sera donné que quand elle disposera d’un leader européen reconnu comme tel par les peuples. Aucun chef d’Etat ou de gouvernement national ne peut durablement remplir ce rôle et moins encore un directoire des grands. Dans quelques mois sera désigné le président de la Commission et, si le traité de Lisbonne est ratifié, le président à temps complet du Conseil européen. Une occasion se présente de mettre deux personnalités de premier plan à la tête de l’Union, en attendant de fusionner les deux fonctions et de soumettre l’élection au suffrage des peuples. Voilà de quoi devraient nous parler les candidats aux élections de juin.

03 mai 2009

Du vin rosé à la pêche

Platier, 2 mai. L’autorisation de produire du vin rosé par coupage de vin rouge et de vin blanc est en passe de devenir un nouveau thème de la démagogie anti-européenne. Les producteurs français de rosé y voient un risque de concurrence déloyale. Michel Barnier encore ministre de l’agriculture et tête de liste UMP en Ile de France se flatte d’avoir obtenu des règles d’étiquetage propres à éviter toute confusion. Or on vient d’apprendre par Jean Quatremer, correspondant permanent de Libération à Bruxelles, que l’autorisation de coupage de vins blancs et rouges avait été sollicitée par la France pour répondre au souhait de certains viticulteurs de faire face à la concurrence de vins coupés de pays tiers. Une fois de plus, l’Europe est critiquée pour une mesure prise à la demande de la France sans que les autorités françaises ne fassent de grands efforts pour rétablir la vérité. De même qui ose dire que, sans les quotas de pêche critiqués devant les pêcheurs par le président de la République en personne, il n’y aurait plus de poissons dans les eaux européennes et donc plus de pêcheurs!

24 avril 2009

Enfin une étude sur l'activité des parlementaires européens

Paris, 24 avril. Le Monde daté du 23 avril fait écho à une étude réalisée par un ancien assistant parlementaire, non seulement sur l’assiduité aux séances plénières mais sur la participation aux travaux des commissions et la rédaction de rapports des membres du Parlement. Discutable, comme toute évaluation quantitative, cette étude n’est pas moins riche d’enseignements et mériterait une large diffusion. On y apprend que, parmi les députés français, Marine Le Pen et Philippe de Villiers sont les champions de l’absentéisme et de l’inactivité. Les meilleures notes reviennent à Joseph Daul, UMP et président du groupe PPE, à la socialiste Pervenche Bérès qui rachète ainsi son attitude lors du référendum sur le traité constitutionnel, à la verte Hélène Flautre et au socialiste Kader Arif. Par contre, les socialistes Vincent Peillon et Stéphane Le Foll sont mal classés. Vincent Peillon tente de se justifier en évoquant la charge que représente sa participation à la direction du PS et à l’élaboration de son programme européen. Il ne semble pas que la participation aux travaux du Parlement et la compétence européenne aient été en tête des critères de choix des candidats à l’élection de juin.

20 avril 2009

L'Europe une fois de plus désunie

Paris, 20 avril. Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour que les gouvernements européens, en retard sur les peuples, comprennent que, pour se faire entendre, ils doivent tenir un discours cohérent et s’exprimer d’une seule voix ? La conférence des Nations Unies sur les droits de l’homme était une occasion remarquable de faire entendre la voix d’une Europe unie autour de ses valeurs. L’absence des uns, la participation hésitante des autres, l’attitude défensive face aux provocations attendues du président iranien, le silence des présidents des principales institutions de l’Union, quelle triste image donnée à ces citoyens qui hésitent à se rendre aux urnes de juin ! Réjouissons-nous cependant qu’un peu de fermeté ait permis d’éviter les scandales du premier Durban.

10 avril 2009

La démocratie européenne fragilisée par l'abstentionnisme

Paris, 10 avril. Il est difficile de prévoir si la crise conduira les électeurs aux urnes le 7 juin. Paradoxalement, l’accroissement des pouvoirs du Parlement européen, la qualité généralement reconnue de ses débats plus apaisés et moins simplistes que ceux des Parlements nationaux, sa contribution à la législation européenne dans des domaines qui touchent directement les citoyens n’ont pas conduit à une meilleure participation. Le taux d’abstention croissant à chaque élection fragilise la démocratie européenne et réduit les chances de donner à l’UE la dimension politique qui lui manque. On attend la campagne d’information qui ne se bornerait pas à appeler à aller voter mais qui rappellerait le rôle joué par le Parlement dans la lutte contre le dumping social à propos de la libération des services ou dans la protection de la santé contre les risques chimiques et, plus généralement dans la défense des droits fondamentaux en Europe et dans le monde.

05 avril 2009

L'Europe et le G20

Paris, 5 avril. On ne peut que se féliciter du succès du G20. L’intégration de la Chine et des autres grands pays émergents dans la gouvernance mondiale est un pas encore modeste mais significatif vers une réponse collective aux défis planétaires, de même que le renforcement du rôle et des moyens du FMI. Est-ce l’amorce de cette monnaie mondiale souhaitée par la Chine et qui serait la meilleure des réponses à la crise ? Le bilan pour l’Europe est moins clair. La surreprésentation de l’Europe (six Etats, le président de la Commission mais pas celui de la zone euro) est le triste signe de sa division et de ses faiblesses. La dérive en direction d’un système intergouvernemental dominé par les grands Etats n’annonce rien de bon. L’entente franco-allemande un moment rétablie ne résisterait pas à la nécessité de cette relance de bien plus grande ampleur que réclament, sans doute à juste titre les Etats-Unis. C’est l’absence de prise en charge par l’Union des victimes de la crise qui me parait d’autant plus consternante que nul ne s’en émeut alors que les élections approchent. Qu’attend-on pour faire du fonds d’adaptation à la mondialisation un fonds de reconversion des travailleurs ayant perdu leur emploi et pour multiplier par quatre ou cinq sa dotation ? S’il fallait sauver les banques, ne faut-il pas sauver les hommes…et les femmes !

29 mars 2009

L'Europe insuffisamment unie à la veille du G 20

Platier, 29 mars. Dominique Strauss-Kahn a regretté, dans son intervention télévisée de jeudi, l’incapacité des Européens à mettre en œuvre un plan commun de sauvetage des banques. Il aurait aussi bien pu regretter l’éclatement de la représentation de l’UE et même de la zone euro au FMI. Or il est essentiel que les Européens s’accordent sur la réforme du système monétaire international et pas seulement sur de nouveaux plans de relance ou des mesures de régulation financière. Certes la tâche est difficile car il faudrait combiner une création immédiate de liquidités à court terme et un plan de sortie de crise destiné à faire face à la menace inflationniste que risque de créer l’hyper-endettement de la plupart des grands Etats. Curieusement ce sujet majeur demeure l’Arlésienne des débats préparatoires au 2 avril.
Je signale l’intérêt exceptionnel de la page Débats Horizons du Monde (page 17) daté du samedi 28 mars. On y trouve deux appels au sursaut de l’Europe, l’un du philosophe allemand Beck, l’autre signé des enfants d’Erasmus et un article collectif sur les « paradis fiscaux » signé entre autres par Lebègue, Rosanvallon et Viveret.

25 mars 2009

Le scandale des listes bloquées

Paris, 25 mars. La désignation des candidats des deux principaux partis de gouvernement aux élections européennes semble obéir dans notre pays à des critères étrangers à la compétence, à l’expérience, à la capacité d’influence au sein du Parlement. Les plus actifs des parlementaires sortants sont ainsi écartés des listes ou des positions éligibles. Ce scandale conduit à en dénoncer un autre : la règle peu démocratique des listes bloquées qui prive les électrices et électeurs de la possibilité de modifier l’ordre des listes, de rayer des noms, voire d’en ajouter et, tout au moins, d’indiquer des préférences, droits reconnus sous des formes variables dans la plupart des pays de l’Union. Cette règle donne en fait aux partis un droit quasi exclusif de désignation des futurs élus et contribue, avec la pauvreté des relais médiatiques, à une abstention massive. Qui prendra l’initiative d’une pétition citoyenne contre les listes bloquées ?

24 mars 2009

Un appel qui vient à son heure

Paris, 24 mars. Sept personnalités européennes, Carlo Azeglio Ciampi, Jacques Delors, Mario Soares, Jerzy Buzek, Peter Sutherland, Jean-Luc Dehaene et Guy Verhofstadt, ont lancé, jeudi 19 mars, un appel à la mobilisation des citoyens en vue des prochaines élections européennes. Rédigé par l'ancien ministre italien Tommaso Padoa Schioppa avec l'aide de cinq Think Tanks (Istituto Affari Internazionali (Roma), Centro Studi sul Federalismo (Turin), Institut für Europäische Politik (Berlin), Notre Europe (Paris), Federal Trust (Londres), demande aux forces politiques nationales et européennes de: - mobiliser l'opinion publique dans un véritable débat sur l'avenir de l'UE ; - sélectionner des candidats qualifiés et engager à construire une UE plus forte ; - élaborer des programmes d'esprit européen ; - refuser le déclassement des élections sous la forme d'une compétition nationale ; - utiliser pleinement les pouvoirs du Parlement européen ; - présenter aux élections un candidat du parti ou de la coalition pour le poste de président de la Commission de façon à permettre aux électeurs de se prononcer directement sur ce choix ; - réformer le budget de l'UE pour en faire un instrument plus efficace au service du développement des politiques communes.

19 mars 2009

Une bombe à retardement

Paris,19 mars. Face à une crise qui s’aggrave sans cesse, le seul remède envisagé jusqu’alors est celui de l’endettement. Ce phénomène prend des proportions gigantesques aux Etats-Unis, dont le penchant pour un endettement sans contrôle a conduit la plupart des institutions financières à la faillite. Aussi bien l’administration Obama exerce-t-elle des pressions considérables sur les Européens en vue d’une plus grande contribution de leur part au redémarrage d’une économie mondiale en état d’asphyxie. Disposant d’une monnaie encore jeune et privée de l’appui d’un budget fédéral, les Européens ne peuvent avoir la même indifférence que les Américains aux conséquences d’un endettement excessif. Même s’ils ne le reconnaîtraient pas volontiers, les Américains, sans la souhaiter, n’écartent pas l’hypothèse d’une solution à leur endettement par une inflation qu’ils espèrent, sans doute imprudemment, pouvoir garder sous contrôle. Les Chinois dont les avoirs en dollars viennent de dépasser ceux du Japon manifestent leur inquiétude.
Pour l’Europe en revanche, le recours à l’inflation ne saurait être une solution. On sait l’allergie à l’inflation que conserve l’Allemagne de son expérience historique. Face à une menace inflationniste, les tensions au sein de la zone euro deviendraient vite insupportables et destructrices. Elles représenteraient un péril redoutable pour la monnaie unique. Céder aux pressions de Washington en vue d’une augmentation massive des plans de relance européens constituerait une véritable bombe à retardement. S’ajoutant au fait que la situation de l’Europe, notamment continentale, est un peu moins préoccupante que celle des Etats-Unis (situation moins catastrophique de la plupart institutions financières, filets sociaux de sécurité), la conscience de ce danger explique l’appel à la résistance que Français et Allemands viennent de lancer.
Faut-il pour autant se résigner à la prolongation d’une crise qu’un processus cumulatif mondial ne cesse d’aggraver ? Faut-il laisser sans réponse l’appel de Washington à une relance plus forte ? N’est-il pas temps d’envisager des remèdes sans précédent à une crise sans précédent ? N’existe-t-il pas d’autres instruments que le recours à toujours plus d’endettement ? Pourquoi ne pas donner au FMI le mandat de soutenir une demande mondiale qui s’étouffe par l’octroi exceptionnel et strictement encadré d’un montant de droits de tirage spéciaux à répartir entre tous les Etats de la planète, suivant des critères intégrant à la fois la satisfaction des besoins humains fondamentaux, l’encouragement à la bonne gestion et l’adaptation de l’appareil productif aux exigences du développement durable ? Les objections à cette proposition d’une « planche à billets » mondiale sont certes considérables : risque de dérapage démagogique, difficultés de répartition, atteinte à la souveraineté des Etats. Ils sont à mettre en regard des avantages à attendre d’une mesure qui combinerait la sortie de crise par stimulation de la demande et une réponse plus rapide à une menace de changement climatique dont chaque jour confirme l’urgence et le sérieux.
Outre son principal avantage, la réduction du recours à l’endettement, la mise en œuvre d’un plan de relance conçu à l’échelle mondiale devrait faciliter la mise en cohérence des plans nationaux. L’exemple de l’industrie automobile est particulièrement éclairant. Au lieu de maintenir des productions ne correspondant plus à la demande en sauvant de la faillite des entreprises qui n’ont pas su prévoir une évolution inéluctable, les aides seraient réservées à la conception de voitures propres.

13 mars 2009

Réédition d'Aimer l'Europe. Une colère d'Alfred Grosser

Paris, 13 mars. Mon livre publié en février 2007 étant épuisé, l’approche des élections européennes ont conduit l’éditeur Lignes de Repères à prendre le risque, avec l’appui d’ARRI, d’une réédition. Cette nouvelle édition contient diverses mises à jour et un dernier chapitre entièrement nouveau portant sur « l’Europe dans les crises ». J’espère que cette réédition sera utile à ceux qui, candidats ou simples électeurs, voudront mettre à profit la campagne des élections européennes pour rappeler tout ce que nous devons à l’Europe et, plus encore, ce qu’elle pourrait nous apporter si les Etats lui donnaient les moyens de répondre aux attentes.
Hier matin, Alfred Grosser a dénoncé, lors d’un petit-déjeuner sur les relations franco-allemandes, organisé par le Mouvement européen, la fermeture des centres culturels français dans les pays de l’UE, notamment en Allemagne, et la fin des émissions de RFI à destination de ces pays. Observateur attentif des sociétés allemande et française, l’éminent professeur s’attend à une révolte sociale dans les deux pays, face au chômage mais aussi au cynisme révélé par la crise financière.

08 mars 2009

L'UE bouclier contre la xénophobie selon The Economist

Paris, 8 mars. Le célèbre hebdomadaire anglais qui, naguère, destinait la constitution européenne à la corbeille, dénonce dans son dernier numéro les tentations populistes et xénophobes que la crise suscite dans de nombreux pays de l’UE et pas seulement à l’Est. Il se réjouit du rôle de bouclier contre ces éventuelles dérives qui résulte de l’appartenance à l’Union. Il est rare de trouver dans la presse britannique, même de qualité, un éloge de l’UE portant sur autre chose que le marché unique. Saluons donc cette prise de position judicieuse mais inhabituelle.

04 mars 2009

A crise mondiale remèdes mondiaux

Paris, 4 mars. Le dernier sommet européen de dimanche n’a marqué aucun progrès en direction d’un plan cohérent de sortie de crise. La bénédiction donnée à des plans nationaux mal coordonnés et qui parfois se contrarient est affligeante. Face à une demande qui s’est effondrée, à quoi sert-il de soutenir la production d’automobiles invendables ? La logique voudrait que les aides publiques soient strictement réservées à la mise au point de voitures propres et à l’aide aux travailleurs privés d’emploi. Un signe d’espoir cependant : dans un article paru dans le supplément économie du Monde daté du 3 mars, le célèbre éditorialiste du Financial Times, Martin Wolf fait appel au FMI, considère que ses ressources « doivent atteindre un tout autre ordre de grandeur » et se déclare favorable à l’émission de droits de tirage spéciaux. Quand les gouvernements admettront-ils que, hormis le sauvetage nécessaire des banques, leurs interventions individuelles par la course à l’endettement et au déficit budgétaire ne font que ruiner un peu plus la confiance et ne sont pas à la mesure d’une crise mondiale qui appelle des remèdes mondiaux ?

25 février 2009

Un changement de paradigme. Suite

Paris, 25 février. A quoi sert-il d’aider à maintenir des productions pour lesquelles la demande s’est effondrée ? A moins que l’on ne compte sur la stimulation de la demande chez les autres. La nécessité d’un équilibre entre offre et demande à l’échelle européenne est aussi évidente que jusqu’à présent méconnue. L’industrie automobile a besoin d’aide pour concevoir des voitures propres mais cela demandera des années et ne peut donc contribuer à une relance immédiate. L’aide devrait être communautaire pour éviter toute distorsion de concurrence.
La réunion de Berlin préparatoire au G 20 de Londres a été positive, notamment en ce qui concerne la mise en cause des paradis fiscaux. Mais le problème essentiel qui consiste à rétablir au niveau mondial une demande solvable sans quoi l’économie va continuer à s’effondrer sur tous les continents demeure sans solution. Le seul plan de relance qui pourrait nous éviter la catastrophe sociale qui s’annonce ne peut qu’être mondial et stimuler la demande des consommateurs aussi bien que celle des Etats.

20 février 2009

L'avenir de l'OTAN

Platier, 20 février. La retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN sera pleinement justifiée s’il permet de nouveaux progrès en direction d’une défense européenne que devrait faciliter le traité de Lisbonne et s’il se traduit par la constitution d’un pilier européen de l’Alliance. C‘est aussi l’occasion de s’interroger sur l’avenir d’une alliance limitée à un espace géographique et destinée à faire face à une menace qui a changé de nature. Le danger extérieur vient aujourd’hui de l’existence de mouvements fanatiques utilisant le terrorisme et parvenant à se rendre maîtres de structures étatiques qui s’apparentent davantage à des bandes de malfaiteurs qu’à des Etats au sens traditionnel de ce mot. Ce danger est redoutable par la force du sentiment compréhensible de revanche des cruautés et des humiliations de l’époque coloniale et par l’existence d’armes de destruction massive pouvant un jour tomber entre les mains de fanatiques ayant recours au suicide collectif après avoir longtemps utilisé le suicide individuel comme arme de leur combat. N’est-il pas temps, dans ces conditions, de penser à la transformation de l’Alliance en une mutuelle mondiale des Etats de droit, ouverte en premier lieu aux désormais nombreuses et puissantes démocraties du tiers-monde, à commencer par l’Inde, elle-même victime du terrorisme ? La désoccidentalisation d’une Alliance vouée à la défense des valeurs démocratiques serait un acte ultime de décolonisation éminemment favorable à notre sécurité dans une perspective de long terme. Que faire de la Chine et de la Russie dans un tel schéma ? La réponse n’est pas évidente, sans doute plus ouverte envers la Chine qui, malgré son régime tyrannique, a fait des pas vers l’Etat de droit nécessaire à son développement, plus sévère envers la Russie qui parait s’en éloigner chaque jour et à qui une mise en garde collective ferait le plus grand bien. Voilà ce que les partis qui critiquent le retour dans l’OTAN avec autant de vigueur qu’ils avaient critiqué en son temps la décision du général de Gaulle devraient réfléchir s’ils avaient le sens des évolutions historiques à long terme.

12 février 2009

L'horizon s'assombrit

Paris, 12 février. Une menace nouvelle pèse sur le traité de Lisbonne. Un nouveau recours a été déposé contre sa ratification devant la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe dont on devrait connaître la décision au printemps. Le président de la République fédérale ne déposera les instruments de ratification qu’après un arrêt de la Cour constatant la conformité du traité avec la loi fondamentale. Aux incertitudes polonaise, tchèque et irlandaise vient s’ajouter une incertitude allemande. N’oublions pas enfin le risque d’une élection anticipée en Grande-Bretagne qui pourrait amener au pouvoir un parti conservateur eurosceptique qui s’empresserait d’organiser un référendum sur Lisbonne en préconisant le non. En revanche, les sondages sont devenus très favorables en Irlande à telle enseigne que certains envisageraient de hâter le nouveau vote irlandais.s Or l’entrée en vigueur du nouveau traité est plus nécessaire que jamais pour améliorer les chances d’une stratégie commune face à une crise qui menace d’être encore plus grave qu’on ne l’imaginait et surtout de rétablir une confiance que menacent de détruire les politiques désastreuses du chacun pour soi.

07 février 2009

Sarkozy et le marché unique

Paris, 7 février. Dans son intervention télévisée de jeudi soir, le président de la République a semblé conditionner l’aide à l’industrie automobile à l’engagement de ne pas importer en France de voitures fabriquées hors de nos frontières. En mentionnant expressément la république tchèque, il s’est attiré une protestation des autorités de ce pays. En affirmant le droit de leur pays d’exporter des voitures en France, même fabriquées par des entreprises françaises, le gouvernement de Prague n’a fait que rappeler un principe fondamental du marché unique. Du strict point de vue des intérêts français, est-il opportun d’interdire aux constructeurs français de mettre à profit les coûts de production inférieurs des nouveaux Etats membres alors que leurs concurrents allemands ne s’en privent pas ? D’un point de vue plus général, n’est-il pas dans notre intérêt que ces Etats se développent et deviennent des partenaires solvables dont le niveau des salaires se rapprochera des nôtres ? Le protectionnisme qui menace d’aggraver la crise n’est plus celui des contingents et des droits de douane. Il prend la forme d’engagements demandés aux firmes bénéficiaires d’aide des gouvernements.

02 février 2009

Un changement de paradigme

Paris, 2 février. La persistance de la crise bancaire et l’avalanche de licenciements et de fermetures d’entreprises qui déferle sur tous les continents montre que, comme dans les années trente, nous changeons de paradigme. La lutte contre la rareté n’est plus de mise. La demande solvable correspond de moins en moins à des capacités de production inemployées qui, en disparaissant, provoquent un nouvel effondrement de la demande. Keynes est de retour. Les politiques de création monétaire nationales sous la forme d’une bulle d’emprunts publics, loin de rétablir la confiance, affectent la crédibilité des monnaies. La stabilité de l’euro tient plus à la faiblesse du dollar qu’à la santé des économies européennes, celle du dollar plus à la faiblesse de l’euro qu’à la santé de l’économie américaine. La solution rationnelle consisterait, comme Keynes le proposait en 1945, lors de la création du FMI, à créer une monnaie mondiale gérée en fonction de l’intérêt général d’une économie depuis longtemps mondialisée. Mais les grands Etats ne sont pas plus prêts à renoncer à leur souveraineté monétaire qu’ils ne l’étaient en 1945. Aucun d’entre eux n’ose afficher le recours à la création monétaire pure et simple, la bonne vieille planche à billets, alors que leurs pratiques s’en rapprochent de plus en plus. Nul ne semble se souvenir que le FMI a la faculté de créer de la monnaie en émettant des droits de tirage. A défaut d’une monnaie mondiale encore utopique, ne pourrait-on imaginer un plan mondial de relance alimenté, non par une bulle de crédits, mais par une émission monétaire temporaire et encadrée, ne profitant pas qu’aux pays riches ? Bien sûr la répartition entre les Etats et les conditions exigibles seraient un casse-tête diplomatique, mais l’aggravation et le prolongement de la crise, désormais prévisible à défaut d’un plan mondial, ne constitue-t-elle pas un bien plus grave casse-tête ?

24 janvier 2009

Une première leçon de la crise

Paris, 24 janvier. La crise montre la fragilité d’une union monétaire qui n’a pas été accompagnée d’une union économique et budgétaire. Désormais les taux d’intérêts exigés des pays membres de la zone euro qui étaient très proches ont tendance à s’écarter. Les pays aux finances les plus dégradées risquent d’être placés devant un choix impossible: quitter la zone euro pour pouvoir dévaluer mais avec le prix insupportable d’une politique d’austérité prolongée. La raison voudrait que la Banque centrale garantisse la solvabilité des Etats membres et que ceux-ci se soumettent à une stricte discipline budgétaire. Le relâchement des disciplines imposé par la crise est dangereux. A plus long terme, seul un budget commun substantiel alimenté par une fiscalité commune est de nature à assurer la pérennité de l’union monétaire.

19 janvier 2009

Une déclaration de Bruno Lemaire à propos de l'Allemagne

Paris 19 janvier. Mon silence prolongé s’explique par le temps consacré à la mise à jour de mon livre « Aimer l’Europe » dont la réédition devrait paraître fin février avant l’ouverture de la campagne des élections européennes de juin.
Lors de mon exposé du 15 janvier devant l’Observatoire de l’Europe d’ARRI, j’ai signalé une déclaration intéressante du nouveau secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Bruno Lemaire, bon connaisseur de l’Allemagne, à propos du "travail de mémoire exceptionnel réussi par les Allemands", qui « mérite d’être salué parce qu’aucun peuple en Europe n’a été capable de le poursuivre avec autant de ténacité et de courage » Bruno Lemaire ajoute : « Les Allemands estiment que nous ne reconnaissons pas toujours à sa juste valeur cet effort et que nous portons davantage notre attention sur ce qui ne va pas. » Cette déclaration est extraite de l’audition du nouveau secrétaire d’Etat devant la commission des Affaires européennes du Sénat le 18 décembre 2008.

06 janvier 2009

Meilleurs voeux à la présidence tchèque

Paris, 6 janvier. Malgré tous ses inconvénients, la présidence tournante a un avantage, celui d’obliger chacun des Etats membres, quelle que soit sa taille, à s’impliquer à fond dans la vie et dans les politiques de l’Union. L’effet pédagogique sur les cadres politiques et administratifs mais aussi sur la population dans son ensemble n’est pas négligeable. N’espérons pas que le président Vaclav Klaus qui en aurait tant besoin y soit sensible. En comparant l’UE à l’URSS il se ridiculise, en se déclarant dissident, il insulte les vrais dissidents qui voyaient dans l’Europe un espoir de liberté. Par chance, c’est en République tchèque le premier ministre et non le président qui détient le pouvoir et qui présidera le Conseil européen. Nicolas Sarkozy n’a pas eu l’élégance de lui adresser les vœux de succès qu’on attend d’un prédécesseur pour son successeur. Sa tâche sera rude. A la crise économique s’ajoute la guerre de Gaza et ses horreurs. Régler le conflit du Proche-Orient est, pour l’Europe, un intérêt vital. Notre unité peut contribuer à convaincre le nouveau président américain de prendre des risques. Seuls les Etats-Unis peuvent imposer une paix équitable mais nous pouvons les encourager et les aider.