26 septembre 2008

Une chance pour l'Europe?

Paris, 26 septembre. La reconnaissance générale de la nécessité d’une régulation des marchés financiers qui ne se conçoit pas à l’échelle nationale offre une chance à l’Europe d’échapper à la conjonction de l’ultra-libéralisme et du souverainisme qui la condamnent à l’impuissance. Attali a raison d’affirmer la nécessité d’une régulation non seulement européenne mais mondiale. La vocation de l’Europe est de montrer la voie, en mettant à profit le choc de la crise, pour proposer notamment l’élimination des paradis fiscaux. Faute d’initiatives rapides et audacieuses, le sentiment que l’Europe ne sert à rien alimentera la vague d’euroscepticisme qui déferle même dans les pays qui en ont été les plus grands bénéficiaires. Ce sentiment, l’impasse institutionnelle résultant du non irlandais et l’aggravation prévisible de la conjoncture économique créent une situation dangereuse qui rappelle de mauvais souvenirs. Le chacun pour soi est plus tentant mais aussi dangereux que jamais en temps de grandes difficultés.

16 septembre 2008

L'Europe face à la crise

Platier, 16 septembre. La faillite de Lehman Brothers ouvre une phase nouvelle de crise dont il est difficile de prévoir les conséquences pour l’Europe. Seule mesure prise face à la crise avant sa subite aggravation, la Banque européenne d’investissement est invitée à accroître ses concours aux petites et moyennes entreprises. C’est un moyen d’utiliser la capacité d’emprunt de l’Europe, la BEI obtenant des concours aux meilleures conditions. Encore faudrait-il faire connaître aux PME françaises ces nouvelles possibilités qu’elles ignorent largement si j’en crois les remarques de Colombani lors de l’émission la rumeur du monde de France-Culture de samedi dernier. Mme Lagarde voudrait aller plus loin dans la voie d’une coordination des politiques économiques. Malheureusement l’état désastreux de ses finances publiques affaiblit la voix de la France dans ce domaine. Faire financer le revenu de solidarité active par les épargnants (à l’exception des bénéficiaires du bouclier fiscal) est sans doute politiquement habile. Mais n’était-il pas possible de trouver les ressources nécessaires dans des économies plutôt que dans un nouvel impôt ?

08 septembre 2008

Sarkozy, Barroso, Solana : un progrès de l'Europe politique

Platier, 8 septembre. Le voyage à Moscou du président du Conseil européen accompagné du président de la Commission et du Haut-Représentant pour la politique étrangère marque un progrès de l’union politique de l’Europe par rapprochement de l’intergouvernemental et du communautaire qui anticipe sur le traité de Lisbonne. Sur le fond des relations avec la Russie, je salue la déclaration de Kouchner envisageant la création d’une « centrale européenne d’achat de gaz », proposition contenue dans mon dernier message. L’appui des Allemands à une telle initiative changerait le rapport de forces au profit de l’Europe. Peut-on l’espérer ? L’avenir nous le dira.

03 septembre 2008

Un succès de l'Europe à confirmer

Platier, 3 septembre. La résolution commune adoptée par le Conseil européen extraordinaire après un débat où, comme il est normal, des opinions diverses ont été exprimées, est un incontestable succès pour l’Europe et pour le président du Conseil européen. La relative modération des Européens est justifiée par les responsabilités d’un président géorgien coupable d’une initiative brutale et mal venue qui revenait à se jeter dans le piège tendu par les Russes. Il faut aussi se souvenir de l’abolition des autonomies abkhazes et ossètes décidée par nationalisme aussitôt après l’indépendance. Bien entendu, cela ne saurait justifier l’extrême brutalité et l’excès de la réaction russe qui rappelle fâcheusement un temps qu’on croyait révolu. Il reste aux Européens à se doter de la seule arme qui leur permette de faire bouger Moscou : confier à l’Union les négociations sur l’approvisionnement en énergie. Nous sommes dépendants du gaz russe. Mais à qui les Russes vendraient leur gaz si nous cessions de l’acheter ?