31 août 2007

L'euro facteur de hausse des prix ?

Platier 31 août
Dans son discours au Medef, le président Sarkozy a ironisé sur ceux qui contestent que l’euro fasse monter les prix. Ignore-t-il que sans l’euro, l’état désastreux de nos finances nous aurait imposé de dévaluer et que toute dévaluation renchérit le prix des importations ? Ignore-t-il que l’euro limite la hausse des carburants dont les prix sont libellés en dollars ?

30 août 2007

La dimension européenne du discours de Sarkozy aux ambassadeurs

Platier 30 août

La dimension européenne du discours de Sarkozy aux ambassadeurs n’a pas été, à mon avis, convenablement mise en lumière par les commentateurs.Jugez-en : " La construction européenne est pour la France une priorité absolue. Pas de France forte sans l’Europe. Une Europe forte doit être un acteur majeur sur la scène internationale", formule qui me parait préférable à celle habituelle de l’Europe – puissance."Comment agir en Europe en ayant comme objectif de s’opposer à la Commission ou au Parlement européen". Cette dernière affirmation marque une posture nouvelle de la diplomatie française, d’autant qu’elle est complétée par un vif hommage rendu au président Barroso et par le rappel de la prochaine mise en place d’une diplomatie européenne.

La création d’un comité d’une douzaine de Sages chargés de réfléchir à ce que pourrait être l’Europe et ses missions dans 20 ou 30 ans est proposée. Une question est posée à laquelle ces sages pourraient tenter de donner une réponse qui intéresse beaucoup de Français : « De nouveaux élargissements sont-ils compatibles avec la poursuite nécessaire de l’intégration ? » Intégration mot longtemps tabou pour les gaullistes et désormais jugée nécessaire ! L’assouplissement de la position française sur les négociations avec la Turquie, l’objectif demeurant une association aussi étroite que possible mais non l’adhésion, est habilement lié à la mise en place de ce comité de sages. L’Union méditerranéenne est présentée comme une parade au choc des civilisations, à partir de réalisations concrètes suivant la méthode Monnet. La Commission doit en être un acteur de plein droit, ce qui marque le rôle de l’Union européenne dans tout partenariat méditerranéen ou africain.

Le discours présidentiel nous invite à aimer l’Europe. « Si l’on veut que les peuples de l’Europe aiment à nouveau l’Europe, il faut que l’Europe pèse sur le quotidien : immigration, énergie, environnement ». La lutte contre la criminalité internationale aurait pu être ajoutée à la liste. Si la sécurité intérieure a été oubliée, il n’en fut pas de même de la sécurité extérieure pour laquelle une stratégie commune doit être établie, comprenant une rationalisation des programmes d’armement et une répartition plus large de l’effort. Toute compétiton avec l’OTAN est exclue. Une complémentarité doit être recherchée avec l’Organisation atlantique où « nous prendrions toute notre place ». Un effort accru est nécessaire en Afghanistan pour venir à bout des talibans. Le leadership auquel prétendent les Etats-Unis est défaillant dans le domaine de l’environnement.

On note enfin une prise de position en faveur de la transformation du G 8 en G 13 et de la réforme des Nations-Unies et un éloge de l’expérience européenne de souveraineté partagée « qui correspond bien aux exigences de notre temps ».

27 août 2007

Leçon à tirer de la catastrophe en Grèce

Platier 27 août Le désastre causé par les incendies en Grèce pose une fois de plus la question de la lutte contre les grands fléaux. La coopération entre Etats disposant de moyens plus ou moins mobilisés en cas d’urgence ne peut suppléer l’absence d’un organisme commun. La logique de la coopération qui a la préférence des gouvernements n’aura jamais l’efficacité de la logique d’intégration. Faire comprendre cela à l’opinion est une tâche difficile mais essentielle. Le même problème se pose dans de nombreux domaines. Nous souffrons cruellement de l’absence ou de la faiblesse d’organismes communs intégrés pour la surveillance des frontières, la lutte contre les marées noires, contre la criminalité internationale, pour la régulation des télécommunications, pour celle des transports ferroviaires, pour la prévention des pandémies, pour les secours en cas de catastrophe naturelle, grands incendies, séismes, inondations. Le combat pour la création de services publics européens doit désormais prolonger et souvent prendre le relais de la défense des services publics nationaux.

16 août 2007

A quoi l'Europe devrait servir

Platier 16 août 07 La crise boursière et le mauvais chiffre de croissance du dernier trimestre rendent plus risqué le pari budgétaire de Sarkozy. La nécessité de donner une priorité à l’éducation, à l’innovation et à la recherche fait l’objet d’un large consensus. Mais la dimension européenne demeure peu utilisée. L’autonomie accordée aux universités françaises devrait leur permette de constituer des centres d’excellence avec des universités partenaires des autres pays de l’Union. Les grandes écoles devraient aussi y participer quitte à réformer leurs pratiques. Les programmes d’échanges d’étudiants et d’enseignants, notamment Erasmus dont le succès est reconnu, devraient être considérablement accrus. Outre les effets à moyen et long terme sur la compétitivité européenne, ces mesures présentées comme un plan d’ensemble de grande envergure donnerait de l’Europe une image de dynamisme qui lui fait aujourd’hui cruellement défaut. Elle complèterait très utilement l’adoption du traité institutionnel. La France dont les retards en matière de réforme universitaire, d’innovation et de recherche constituent sans doute le principal handicap aurait tout à gagner à une politique européenne ambitieuse dans ces domaines.

07 août 2007

Les infirmières bulgares et la PESC

Platier 7 août Je reviens une fois de plus sur les circonstances de la libération des otages de Kadhafi décidément pleines d’enseignements. Nul à ma connaissance ne s’est étonné de ce que le Haut Représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune Solana n’ait apparemment joué aucun rôle dans cette affaire éminemment politique. C’est la Commission, en la personne de Mme Ferrero-Waldner, qui, avec l’appui de la présidence allemande, a négocié les contreparties, non avouées mais bien réelles,. qui ont abouti à l’heureux dénouement. L’intervention de la Commission s’explique par le fait que c’est elle qui dispose de quelques moyens budgétaires et non Solana, ce qui démontre l’intérêt de la fusion des fonctions de Haut Représentant et de commissaire aux relations extérieures. Mais la leçon à retenir est autre. Faute d’une vraie autorité politique commune, les gouvernements sont tentés de se livrer à des démarches individuelles, gratifiantes dans l’immédiat mais désastreuses à moyen et long terme, car destructrices de la confiance mutuelle sans laquelle aucune politique commune n’est possible. C’est peu dire que le voyage de Cécilia à Tripoli n’a guère été apprécié à Berlin…

03 août 2007

L'Europe humiliée

Platier 3 août 07 La concurrence à laquelle se livrent les gouvernements européens auprès de la Libye après l’heureuse libération des infirmières bulgares et du médecin palestino-bulgare a quelque chose d’humiliant. Nous en sommes à trouver naturel que le fils du dictateur avoue l’innocence de ces malheureux retenus en otage plus de huit années reconnaissant par là même le chantage cynique exercé par la Libye. La livraison d’équipements nucléaires civils, apparemment décidée sans concertation préalable avec nos partenaires, suscite un vif mécontentement en Allemagne. Face à un monde islamique profondément divisé et travaillé par des courants fondamentalistes et fanatiquement anti-occidentaux de plus en plus puissants, les Européens ont tout à perdre à se diviser. Avant de parler d’union méditerranéenne, tentons d’élaborer ensemble une stratégie commune dont la fourniture éventuelle et conditionnelle d’équipements nucléaires ou militaires devrait être un élément parmi d’autres.